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Partie2 d’un article à 4 mains pour essayer de faire une passerelle entre homme et femme et sortir de la guéguerre forcément stérile. Sortir du féminisme militant pour pénétrer dans la féminiphilie agissante. Une occasion de sortir du dualisme et des combats destructeurs pour ensemble créer autre chose ! Mais avant tout, croyez vous suffisamment dans la puissance de l’amour avec un grand A ?

Je joue le jeu, je ne sais pas du tout ce que Renaud vous a raconté dans son article, c’est donc à l’aveugle que je vous livre mon point de vue. Au passage un grand merci à lui pour l’invention de ce mot, Féminiphilie suite à une grande discussion matinale.

Pour info et en préambule : -isme est un suffixe qui inclut l’idée de doctrine, de dogme ou d’idéologie. On le retrouve dans des mots comme Capital / Femini / Ecolog… Le suffixe -philie est employé pour signifier l’amour, la passion ou l’attirance pour quelque chose. Les mots philosophie, scatophilie, philadelphia (amour du frère)

Charlie, Féminisme ou Féminiphilie ?

A la question es-tu féministe, bien souvent je réponds non. Non, car je ne milite pas pour le droit des femmes en particulier, plutôt pour celui de la vie en général, des humains, pour du bon sens somme toute.

Alors bien entendu, je remercie infiniment mes consoeurs (et confrères) féministes, qui se sont battues pour le droit à l’avortement, le droit de vote, le droit d’avoir un compte en banque, le droit à l’éducation, etc … Et il est clair que ce n’est pas encore gagné dans bien des endroits sur cette terre. Mais pas plus que n’est gagné dans bien des endroits du monde le droit juste de vivre, quand on est homo, handicapé, de telle ou telle religion, de tel ou tel milieu social, etc …

Si je devais militer pour quelque chose, ça serait pour plus de conscience, plus de bon sens, plus de tolérance, à l’encontre de n’importe quel être humain.

Ce qui me gêne un peu, ce sont les déboires du féminisme, c’est par exemple le pataquès pour supprimer la mention « mademoiselle » des papiers administratifs, parce que les hommes, eux, ne l’ont pas. Perso, je trouve qu’il y a d’autres trucs un peu plus importants pour lesquels se battre. Perso, toute cette énergie pour une broutillette, je vois pas trop l’intérêt.

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Photo by Victor Garcia on Unsplash

La guerre Feminin versus Masculin

Ce qui me gêne, c’est cette volonté de créer une guerre entre masculin et féminin. Par exemple, ces comités non mixtes féministes pendant les nuit debout. On reste, encore et toujours, dans le maintien de la guerre, les hommes contre les femmes, parce que les hommes sont méchants, c’est eux qui oppressent la femme, éternelle victime.

C’est le 8 mai, cette année, qui m’a rendue dingo, parce qu’à la radio, à la télé, les seuls discours que j’ai entendu c’est pour décrire les femmes soient victimes d’abus, soit des guerrières qui combattent les oppresseurs.

Et ça m’a rendue dingue. C’est quand qu’on sort de cette dualité permanente du bourreau et de la victime ?

Alors oui, bien sûr, j’écris ça et j’ai bien conscience d’être une privilégiée, je suis née en France, je viens d’un milieu bourgeois provincial, j’ai eu accès à l’éducation, etc, etc … Et pourtant, ça n’a pas été facile de sortir du schéma de la victime. Et oui, moi petite blanche issue de la bourgeoisie provinciale, j’ai plongé avec joie et entrain dans ce schéma de la femme victime.

Je devient mon propre bourreau en me considérant comme une victime

Ben oui, vous comprenez, parce que mon premier petit copain il a été méchant avec moi, il m’a trompée, il m’a prise pour une conne. Et puis le garçon quand j’avais 7 ans qui m’a forcée à le sucer, lui aussi il a été très méchant. Et puis, cet autre encore, qui m’a humiliée en me baisant comme un trou. Et mon père, qui depuis mes 17 ans me traite d’allumeuse et de salope comme ma mère.J’étais une pauvre victime, victime des hommes, victimes des femmes, pas gentilles non plus avec moi, victime de la vie en général, parce qu’elle ne me donnait pas ce à quoi j’aurais dû avoir droit, vous comprenez.

Seulement voilà, un jour j’ai compris que la vie ne me devait rien. Moi je lui devais d’être en vie, je lui devais tout en somme.

Surtout j’ai compris que la vie ne t’offre que ce que tu te donnes. Que cela te plaise … ou pas, hélas ! Et moi, ce que je me donnais à moi-même, c’était du mépris, de l’apitoiement, voire de la haine à certains moments.

Alors oui bien sûr, bébé on ne se donne pas ça. Oui bien sûr, ça doit bien venir de quelque part, conditionnement familial, histoire personnelle, etc … Mais au final, qu’importe d’où ça vient, l’essentiel c’est d’arrêter de se nourrir de haine et de mépris, pour enfin se donner de l’amour, de la reconnaissance, de la fierté.

Et le choix dans tout ça ?

Parce que bien souvent, qu’on soit homme ou femme, on accepte des situations, des humiliations, pour des miettes d’amour et de reconnaissance extérieures, miettes qu’on paye cher, trop cher, enfin le juste prix pour pouvoir se dire après qu’on est vraiment trop nul à chier.

Ce mec qui m’a baisée comme un trou, j’aurais pu l’envoyer chier, lui mettre un bon coup bien placé au lieu de rester inerte, les yeux grands ouverts avec les larmes qui coulent à me regarder me faire bourrer. Oui mais voilà, au plus profond de moi, j’y croyais que c’était ce que je méritais, et puis peut-être qu’il finirait par m’aimer …

Ce garçon deux fois plus grand que moi qui m’a obligée à le sucer sinon il me mettait des grandes claques dans la gueule, j’aurais pu choisir les claques ….On a toujours le choix, ça ne veut pas dire qu’il est facile à faire, mais on a toujours le choix, le choix ultime étant celui de la vie ou de la mort. Bon, en disant cela, je suis bien consciente qu’il y a des situations où on n’a même pas ce choix, quelqu’un choisit pour toi que là maintenant, c’est l’heure de ta mort.

Et en disant cela, je me rends compte qu’au final, on n’a jamais, ou alors très rarement, le choix de sa mort. En général, on choisit pas de se crasher en bagnole, ni de se choper cette petite maladie de derrière les fagots qui va nous emporter, en fait on choisit pas grand chose.

Alors du coup le choix qu’il nous reste, le seul peut-être, c’est celui de comment on vit les choses.

Et hop, je reviens à mon propos de départ (je vous avoue d’ailleurs que je suis partie loin, et je suis assez surprise et heureuse de pouvoir retomber sur mes pattes), à savoir : est-ce que je vis les choses comme une victime, comme un bourreau, ou est-ce qu’il y a une troisième voie ?

Ce grand couillon de 15 ans qui me force à le sucer, ça c’est un fait. Maintenant j’en fais quoi ? Je suis une éternelle victime et je me résigne ? Ou alors, je rentre en guerre contre tous les hommes, regardez comme ils soumettent les femmes, regardez ce qu’ils m’ont fait ? Ou alors, j’accepte, j’accepte que c’est une expérience que j’avais à vivre, je n’en suis pas morte, et pas plus traumatisée que ça au final, et j’en fais quelque chose, j’en apprends.

Alors oui, peut-être que c’est à cause de ça que je suis une dépravée qui gagne sa vie en vendant ses charmes sur internet. M’enfin, je suis plutôt heureuse de ma vie, perso.

Le choix du comment

Mon taff, soit on le voit comme un symptôme aigu de décadence, le résultat d’une fracture dissociative, un mal être profond qui se traduit par une lente descente vers l’auto destruction.

Soit, et perso c’est comme ça que je le vois, mon taff c’est d’offrir des moments de plaisir, de joie, des espaces d’expression de ses désirs et de ses fantasmes, et ma foi y a pire, je préfère ça que vendre des crédits à la consommation à des gens qui sont déjà dans la merde et que tu sais consciemment que tu vas les foutre encore plus dans la merde.

Tout dépend, au final, du regard que l’on porte sur les choses, sur nous, sur nos vies.

Petit exemple : à 17 ans, je ne supportais pas de faire l’amour en levrette (la femme à 4 pattes, l’homme derrière pour ceux qui s’emmêlent les pinceaux dans les noms des positions, comme Renaud pour ne citer personne), parce que je trouvais ça humiliant, une position de domination de l’homme sur la femme, et du coup j’avais des douleurs physiques dans cette position.

Et puis un jour, j’ai ouvert un kama sutra. Et j’ai compris qu’on pouvait aussi le voir comme l’homme qui honore la femme. Et j’ai arrêté d’avoir peur, donc d’avoir mal.

Le féminisme, quand il se drape de vertu et, pour la cause des femmes, applaudit à deux mains la loi qui pénalise les clients des prostitué(e)s, j’avoue que j’ai du mal à adhérer.

Mettre en place des lois et des moyens contre l’esclavagisme, le proxénétisme, la traite des humains, oui, par contre aller casser les couilles à des femmes et des hommes qui, consciemment, ont décidé de vendre leur corps parce que vous comprenez c’est pas bien pour eux, on les aide, ben moi j’applaudis pas du tout.

Pour ces féministes là, je suis une tare ambulante, je suis camgirl. Certes je reçois quelques noms d’oiseaux sympathiques de la part de certains hommes, mais j’en reçois des tout aussi, voire encore plus, sympathiques de la part de certaines femmes. A en croire certaines, ce que je fais est une honte pour la condition de la femme, c’est dégradant, humiliant, etc…

Photo by Maria Oswalt on Unsplash

Humiliation l’arme du faible

Un jour je discutais avec mon grand-père (il était d’origine juive) de pratiques que je ne comprenais pas dans la religion juive extrémiste, pratiques relativement humiliantes. Et il m’a dit : tu sais ma petite fille, on n’humilie que ce qui nous fait peur. Et le Féminin, la femme souvent, fait peur dans bien des religions.

Et le drame, c’est qu’au sein même de certains féminismes, il y a la même peur de la Femme. Sinon pourquoi rentrer en guerre contre les prostituées, les camgirls, etc …. ? Bien des femmes ont peur d’elles-mêmes, sinon elles ne passeraient pas leur temps à se tirer dans les pattes. Alors non, je ne suis pas féministe, d’abord j’aime pas les -iste et les -isme, souvent ça cache un schisme, mais beaucoup plus féminiphile.Je suis même philanthrope (amoureux du genre humain), même, hop hop hop j’invente un nouveau terme, biophile, -bio signifiant la vie en soi, l’existence. Je suis pour, je me répète, plus de conscience, de tolérance, de respect et de bon sens.

On parle beaucoup des femmes maltraitées, pourquoi on ne parle jamais des maltraitances faites aux hommes aussi ? Quand je vois la castration minutieuse et régulière, l’humiliation journalière que certaines femmes font subir aux hommes de leur entourage, je trouve ça tout aussi révoltant.

Personne ne peut offrir la liberté, c’est à chacun de la prendre.

Daenerys Targaryen

Bon Rousseau dans le contrat social dit un peu la même chose pour ceux qui veulent de la grosse référence 😉 A chacun de décider d’abandonner la place de la victime, de se relever, et d’avancer. A chacun d’embrasser, là je cite Don Juan Matus, dans les livres de Castaneda, l’humilité du guerrier au lieu de celle du mendiant. « Un guerrier accepte son sort, peu importe ce qu’il est, et l’accepte dans une ultime humilité. L’humilité d’un guerrier n’est pas l’humilité d’un mendiant. Le guerrier ne baisse la tête devant personne, mais en même temps, il ne laisse personne baisser la tête devant lui.

Le mendiant, d’autre part, tombe sur ses genoux à la baisse d’un chapeau et nettoie le plancher devant n’importe qui qu’il considère être plus haut que lui; mais en même temps, il exige que quelqu’un d’inférieur à lui nettoie le plancher pour lui. »
Voilà, en fait je suis une guerrière, lol, une guerrière de la vie et de la liberté.

Et vous, vous êtes quoi ?

Note & Liens

L’article de Renaud sur ce sujet

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