Un petit article encore une fois entre photo et poésie. En amateur, toujours amateur, mateur de la beauté du monde, de sa laideur aussi. Le poète, le photographe qui ne s’implique pas, ou alors de manière détachée, comme disait Desproges « je suis un artiste dégagé ». Dégagé de tout besoin de plaire ou de séduire c’est déjà ça de pris ou qu’on me prendra pas.
J’aime faire des photos, j’aime écrire aussi, peu de temps pour le second, un peu plus pour l’écriture picturale qu’est la photo. Mais voilà, faire une photo juste pour la faire et encombrer mon disque dur, je ne vois pas bien l’intérêt.
Photos érotiques et textes d’une couleur , rouge.
Faire une photo sans la mettre en valeur c’est un peu comme créer une chanson et ne jamais la fredonner, un plaisir onaniste qui ne va pas plus loin qu’un écran cathodique. On se fait plaisir sans s’investir. C’est un des malheurs de ce monde, se faire plaisir en imaginant que ça n’a pas de prix, le fabuleux monde du (faussement) gratuit. Jouir sans prendre le risque du déplaisir, avoir du soleil 365 jours par an et des pains au chocolat qui ne font pas grossir. La belle vie …
Derrière l’écran bleu de mes nuits blanches
…Je me contenterai de ce que j’ai, La Vie, du coup je prends un peu de temps, ma plume et mon clavier pour pondre quelques rimes, une prose inspirée des chansons en laisse, celles des joutes occitanes et des « troubad-ours ».
Ours mal léché qui reste loin derrière une robe rouge, « tu m’écoutes Neo ou tu regardes cette fille en robe rouge ? ».
Rouge comme le ciel les soirs d’automne, disant « demain il y aura du vent ». Vent du changement, on ne sait pas trop vers où mais faudra bien que ça change ma brave dame, c’est plus possible. Possible et Impossible, foutreries ! Quand je vous entends vous réfugier derrière ces deux murs je vois rouge.
Rouge comme le sang, voir du sang, de la fureur et des larmes. Des larmes qui coulent sur ton visage quand tu regardes la vie que se font mener les petites gens. Jean c’était ton père, un tout petit papa.
Pas, pas, pas possible que ce soit impossible ! Une cible sur le front, une cible facile pour les bien pensants et les con-formistes, rouge bien évidemment la cible.
Rouge comme la braise et le feu qui couvent au centre de la terre, au centre de ton coeur. Ton coeur, pulsation, flux et reflux, pulsation, ton coeur, rouge.
Rouge sang, rouge d’atout, à tout prendre pour ne rien perdre quitte à la perdre, la tête.
Un visage qui se teinte, gêné par un compliment, ne te mens pas, ferme tes yeux sur leur monde. Flux et reflux de l’océan, ce néant en toi te dira qui tu es vraiment, ne te mens pas, pas assez de temps, les temps sont venus pour se mettre à nu.
Enfin « nu et non avenu » je peux vivre libre et rester ivre.
«Les femmes et le bordeaux, je crois que ce sont les deux seules raisons de survivre.»
Pierre Desproges. La seule certitude que j’ai c’est d’être dans le doute / Éditions du Seuil
« Est-il Dieu possible, en pleine mouvance des droits de la femme, que des bougresses se plient encore aux ordres fascisants d’une espèce de Ubu prostatique de la mode, qui au lieu de crever de honte dans son anachronisme, continue de leur imposer le carcan chiffonneux de ses fantasmes étriqués, et cela, jusqu’au fin fond populaire de nos plus mornes Prisunic ?
Je t’en prie, ma femme, ma sœur, mon amour, mets ton jean, ou reste nue, mais ne marche pas dans la mode, ça porte malheur. »
Pierre Desproges. Textes de scène / Éditions du Seuil