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C’est pas vieux 1802 ! A peine 200 ans et une cacahuète. On date donc la naissance de la sexologie au début du XIX ème*. Pile poil pendant l’ère des Romantiques qui étaient en réaction au rationalisme galopant. Bon, pile poil aussi au moment où la répression de la masturbation a connu ses heures de gloire. Comme quoi le cul et la raison, c’est comme l’huile et l’eau, ça se mélange mal.

Allez, on prend notre corps d’énergie, ou à défaut un bon bouquin d’histoire des sciences, et on remonte dans le temps voir comment la gaudriole est rentrée à l’académie des sciences.

*Petite aparté : Pour être exact, c’est la science occidentale chrétienne qui date la naissance de la science de la sexualité en 1802. De mémoire, les arabes du moyen âge s’y étaient déjà intéressés. Que dire des Hindous avec leurs Tantras et le Kamasutra qui pourraient remonter avant le XI ème siècle après JC .

La sexologie ou l’étude des faits sexuel, c’est pas vieux !

N’allez pas croire qu’avant ça, tout le monde s’en foutait du kiki et de la foufoune. Je crois que le sexe est un des points cruciaux de nos interrogations. En effet, depuis que nous avons eu suffisamment à manger pour nous intéresser à autre chose qu’à ne pas crever de faim, nous parlons, rêvons et agissons comme des culs …

Mais en 1802, Mr Thomas Beddoes, médecin pneumologue anglais fort célèbre, a le culot de faire devant ses pairs la première conférence où il montre publiquement les différences physiologiques entre un mâle humain et une femelle humaine ! Le misérable !

Et oui, on commence de loin ! Personne avant lui n’avait osé afficher des dessins d’organes génitaux et en tirer des conclusions scientifiques. La science de la sexualité fait ses premiers pas.

On parle, on discours énormément, on ose enfin lever le carcan religieux… Enfin, un peu, hein ! Faut pas pousser tata germaine dans la datura non plus.

Certains médecins commencent même à évoquer des termes hautement blasphématoires comme la stérilité et l’impuissance… masculine !

Grand dieu, les fous, que n’ont-ils pas fait !

ovulation bischoff
Photo by Miki Fath on Unsplash

1843, T.L.W. Bischoff parle d’ovulation spontanée…

Et voilà, le bordel arrive ! Pourquoi ? Et bien il faut se rappeler, et encore de nos jours, que beaucoup de gens croient que l’ovule n’est libéré et fécondable que s’il y a orgasme.

La croyance populaire qui remonte, en gros, « on n’est pas à une vache près », au VI ème siècle après JC veut que les femmes n’ont d’orgasmes qu’en lien avec la procréation… Voui voui voui.

En gros soit tu ponds et tu as droit à un peu de plaisir avant d’en chier pendant 9 mois, sans parler des dernières heures. Soit tu l’as dans le cul la balayette et si tu prends du plaisir c’est que :

a / Diabolous, tu es possédée !

b / Misérable catin, tu simules et ça c’est maaal !

c / la réponse c

Alors je vous passe les hordes de gilets jaunes qui ont occupé l’académie de Munchen (Munich) où officiait le bon docteur Bischoff (coucou à tous les fans de Fringe). Mais en gros, l’acceptation du fait que, grosso modo tous les 28 jours, la femelle humaine est apte à concevoir un embryon humain sans même recevoir un p’tit coup de langue avant n’est pas passée crème !

Immaculata conceptio, ma pov fille !

La gente féminine pourrait se dire « ha ben voilà, on s’intéresse un peu à nous ! ». C’est d’ailleurs à ce moment là que les premiers mouvements modernes féministes naissent. Notamment dans les rangs des anarchistes et des ouvriers où les catins pullulent. Tout ce beau monde n’a qu’une envie, faire s’écrouler la fabuleuse monarchie Française.

Dans ce climat de négation de la bonne morale chrétienne, les curés voient une porte de salut dans les découvertes de Bischoff.

« Si pour procréer plus besoin d’orgasme, c’est pas plus mal ! Le plaisir c’est le mal ! Si une de ces truies démoniaques n’a que l’ombre d’un rictus, c’est qu’elle pèche, la bougresse ! »

c’est pas moi qui parle comme ça, je me permettrais pas

Hélas pour eux, les femmes ne semblent pas vouloir se résigner sur ce coup et commencent à réclamer du sexe pour du sexe. Toutes des putes, j’vous l’dis ! Comme quoi, les salaires ça motive mais le plaisir ça fait tenir.

Faudrait peut-être rajouter ça dans nos vies et nos revendications, vous croyez pas ?

Un peu d’histoire : Tocqueville s’insurge contre les moeurs douteux et le vent de révolution. Le « nécessaire » roi Louis-Philippe 1er est mis à la porte. Les députés, dont Thiers, J. Laffitte et le Duc de Trévise, sont bousculés par les « communards ». La 2ème République voit le jour grâce aux femmes mais pas pour les femmes. C’est rigolo, c’est souvent la même blague. Ceux qui crèvent sur les barricades sont les premiers à l’avoir dans le rectum…

Photo Olivier Parent – okbstudio.com

Les hommes et la sexologie, ou pas…

Hélas pour les femmes, les hommes, des gens très pieux comme nous le savons, sautent sur l’occasion pour arrêter définitivement de faire semblant de bien baiser la minette. Bon, c’est pas qu’ils le faisaient bien avant mais au moins ils pouvaient avoir la motivation « procréatoire ».

C’est donc sous les romantiques que le mec s’est mis à encore plus mal niquer qu’avant … Attention, mes sources ne sont pas fiables sur ce coup.

D’ailleurs, parlons en des hommes ! Vers 1865, un physiologiste Allemand démontre le caractère réflexe de l’érection chez l’homme. Et là je ne comprends plus rien !

Les femmes auraient pu dire : « bon ben puisque c’est un réflexe, j’ai pas besoin de me fouler pour te faire bander ! ». Mais non ! Rien !

Sans déconner, comment vous voulez qu’on vous prenne pas pour des connes avec ce genre de comportement. Bon ok, du coup vous nous prenez pour des gros bourrins… C’est l’jeu, ma pov’ lucette.

Morale de l’histoire, à la fin de la période Romantique :

Le mec a le droit de mal baiser la femme puisqu’au final elle finira pas enfanter (dans la douleur).

Alors que la femme déploie plus de charme que jamais* pour faire bander le mâle mauvais baiseur qui n’est, j’exagère, qu’un réflexe sur pattes.

*La lingerie féminine du XIXème siècle est à fond sur le jupon qui se transforme en gigantesque crinoline. Bon, il y a de l’émancipation puisque au 19ème, on voit apparaître des corsets de grossesse avec élastique. On n’arrête pas le progrès.

Donc sexologie et masculinité ne font pas bon ménage ! Contrairement à ce qu’on pourrait croire, on connait bien la physiologie du pénis mais très mal sa psyché.

Peut-être parce que les chercheurs sont à 99.9% des hommes et qu’ils n’ont pas envie d’entendre des choses dérangeantes.

les hommes et la sexologie
Photo by freestocks.org on Unsplash

L’étude de la sexualité humaine ou rien

Le XIXème, c’est la grande accélération dans tous les domaines. Les villes poussent comme des champignons, l’industrie est au taquet. Les intellectuels fument des trucs bizarres, c’est légal à l’époque. Ils fument, ils boivent des trucs sur des sucres, j’vous dis pas ! En gros ils réfléchissent beaucoup, écrivent beaucoup et forcément y a un paquet de connerie morale dans le lot.

Stendhal et le traité « De l’Amour »

Stendhal, grand maître du Romantisme et du réalisme littéraire, écrit avec « Le Rouge & le Noir » une critique acerbe sur la position du « beau sexe » dans la société.

Mais à côté de ça il pond son traité « De l’Amour » où il va cloisonner et décortiquer les affres amoureuses en n’oubliant pas, bien sûr, d’y porter un jugement bien moral. Ce jugement dans la pure tradition du Romantisme plombe encore la notion d’Amour.

Balzac, l’anti système conventionnel

L’auteur de la comédie humaine fait une charge sanglante contre le dogme religieux du mariage, qui tient toujours. Il s’insurge contre cette manière « petite-bourgeoise » de vivre.

Il part « en guerre » contre les hommes violant leur femme le soir du mariage, ça tient toujours ça aussi.

Mais à côté de ça, il tient des propos d’une rare misogynie, dignes de moi dans mes plus grandes heures. Alors peut-être qu’à mon image, il aime choquer la vertu mal placée, m’enfin j’ai l’impression qu’il y croyait un peu… Ou alors il a un humour vraiment redoutable.

« La femme est une propriété que l’on acquiert par contrat. Elle est mobilière, car la possession vaut titre.

Enfin, la femme n’est à proprement parler qu’une annexe de l’homme.

Ne vous inquiétez en rien de ses murmures, de ses cris, de ses douleurs. La nature l’a faite à notre usage, et pour tout porter : enfants, chagrins, coups et peines de l’homme.

Ne vous accusez pas de dureté. Dans tous les codes des nations soi-disant civilisées, l’homme a écrit les lois qui règlent le destin des femmes sous cette épitaphe sanglante : Vae victis, malheur aux faibles ».

Au passage, Balzac était clairement un progressiste. Un homme intelligent, travailleur (mmm, beau parti, non ?). Je vous laisse imaginer ce que pouvait dire ou penser un réactionnaire de l’époque.

Pour mémoire, en 1826 l’église décide de ne plus porter secours aux femmes devant avorter (même si elles n’y ont pas pris de plaisir).

Ainsi advint la sexo pathologie psychiatrique

Des noms comme Karl Heinrich (journaliste et premier homosexuel officiel), Kertbery (auteur du premier livre de psychopathie sexuelle) et Von Krafft (inventeur du mot homosexuel) mettent en place les premières pierres de ce qui deviendra la sexologie psychiatrique moderne.

Bien souvent à leur corps défendant, ils éloignent la sexologie des turpitudes de la chair (toujours faible) pour voir advenir le terrain de jeu de tous les « psy » du monde : On comprend pas le cul donc on l’encadre, on le dogmatise et on enferme à tour de bras !

Les paraphilies et autres maladies psychiatriques voient le jour. On y retrouve bien sur l’hystérie mentale des femmes en mal d’orgasme et l’homosexualité.

On ne vous coupe presque plus la tête. Vous êtes des pauvres malades victimes d’une nature indélicate. Donc vous n’irez pas au gibet mais en HP. Sauf si vous êtes « Pédé », faut pas déconner non plus !

La sexologie, premiers pas de l’époque moderne

Normalement quand on augmente notre savoir, nos connaissances, on est censé gagner en tolérance. En tout cas moi c’est le joli conte qu’on m’a raconté quand j’étais enfant.

L’histoire des premiers pas de la sexologie, l’étude de la sexualité physiologique et psychologique chez l’humain, nous prouve une fois de plus que ce n’est qu’une histoire pour les jeunes enfants.

Très rapidement la sexologie est devenue une manière de moraliser la sexualité. Les codes moraux imposés par le pouvoir ecclésiastique ont été reconditionnés et recyclés par la science. Comme quoi, l’écologie c’est pas forcément positif.

Alors oui, bien sûr, vous finissiez moins souvent la corde au cou ou guillotiné. A la place vous étiez interné à vie par les parents du bon Docteur Mengele.

La maladie mentale a remplacé la possession satanique. C’est vrai, ça sonne mieux.


Photo Olivier Parent – okbstudio.com

Oui mais ça c’était avant

Vous allez me dire que ça c’était valable au XIXème siècle mais plus maintenant. Détrompez vous, chers lectrices / lecteurs.

Sans parler des crétins « aconassis* » et autres fondamentalistes religieux, chréti(e)ns, musulmans, bouddhistes, hindouistes et autres, nos propres vies sont le reflet du bien peu d’évolution qui a suivi la « révolution sexuelle ».

L’homophobie en France est en progression constante. On casse encore du pédé en 2019. On le casse physiquement mais aussi, voire surtout, moralement, au coeur même des familles les plus respectables et/ou progressistes.

Je discutais de ce sujet avec un ami directeur de clinique psychiatrique qui me disait que pour ce que le code pénal et médical nomment encore « les déviances sexuelles », les paraphilies, ils n’ont quasiment aucun moyen d’action mis à part la camisole chimique, qui exclut la personne d’une vie sociale « normale ».

D’ailleurs si vous vous ennuyez, allez poser la question au sujet du viol, de la zoophilie et autres (et aussi des « enculés de pédés »), la réponse est sans appel : la mort !

Sur le sujet de la camisole chimique. Je suis toujours attendri de voir un ado trisomique se baver dessus tellement il est bourré de médocs afin de lui permettre de ne pas exprimer ses pulsions sexuelles certes fort débordantes.

Plus près de moi mon dieu

Pour finir, le mariage avec disparition du nom de la femme a de beaux jours devant lui. Il a fallu attendre 2016 pour avoir une représentation 3D exacte du clitoris et en 2017, encore 6 manuels scolaires sur 7 donnait une fausse représentation des organes génitaux féminins.

Certes les cours d’éducation sexuelle et morale sont revenus. Mais justement, quel est ce besoin d’accoler morale et sexualité ? N’est-il pas plus judicieux de faire de l’éducation sexuelle libre et inclusive et à côté des cours de civisme qui intègrent « la morale » de vie sociale ?

#MeeToo oblige, quelque chose s’est lissé dans l’apparence. Mais les femmes aimant baiser gratos sont toujours des salopes. Celles qui kiffent la masturbation « ont jamais connu de vrais mecs ».

Quant aux mecs qui se masturbent ou se titillent la rondelle, c’est clairement des grosses tarlouzes et contre ça, on peut pas lutter !

La sexologie au 19ème siècle a ouvert des portes qu’elle s’est aussitôt refermées sur le nez. On verra une autre fois que le 20ème siècle n’a rien à lui envier.

Peut-être parce qu’au fond, personne ne s’occupe de ce qui est à la base de tout ça : l’HUMAIN ! Faire grandir l’HUMAIN ne passe pas, à mon avis, par le décorticage de ses organes ou des ses facéties mentales mais par une vision inclusive, holistique entre spiritualité et matérialisme. Ca reste encore à faire …

Notes, sources & liens

Le Rouge & le Noir : lire Simone de Beauvoir dans le deuxième sexe pour en comprendre la charge critique

A propos de Renaud
Naturopathe, Psychothérapeute et Pratiquant de différentes techniques énergétiques depuis plus de 20 ans.

J’anime des conférences / rencontres en essayant d’amener chaque fois un autre regard, une autre manière d’être et de vivre le monde qui nous entoure.

Loin du Mysticisme et du Rationalisme il existe une troisième voie, celle du sourire et de l’harmonie. Un Pragmatisme abstrait pour aimer notre propre paradoxe.

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