J’ai suicidé mon suicide social – Reconversion post TDS

  • Dernière modification de la publication :17 février 2023
  • Post category:Culture érotique
  • Temps de lecture :33 min de lecture
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Il paraît que travailler dans l’industrie du X c’est un suicide social et que la reconversion post TDS est très compliquée, voire impossible. Oui c’est parfois (souvent ?) vrai mais on peut aussi faire de notre passif, de notre activité dans le divertissement pour adultes une force. On peut même utiliser le fait de faire du porno, d’être camgirl, comme outil et en faire un outil de pression pour faciliter sa reconversion dans le monde du travail « vertical ».

C’est ce que, sans le vouloir, je suis en train de faire en entamant ma reconversion hors du monde de la pornographie, et c’est l’histoire que je vais vous raconter. J’entame une reconversion car soyons honnêtes, gagner sa vie comme actrice a une date de péremption : celle du corps jeune et pimpant, et puis, et ça c’est le plus important, au bout de 10 ans je commence à en avoir fait le tour.

Alors pour les prochaines années, que faire ? Je n’ai aucune envie de retourner dans le monde du théâtre et du cinéma, t’es pute sans le savoir et tu es entourée de barracudas grimés en poissons rouge, donc no way.

Les podcasts, qui plus est de lectures érotiques, n’ont jamais nourri qui que ce soit. Et quant à continuer dans le porno, en plus de la charge physique, ça devient vraiment de plus en plus compliqué d’en vivre à cause des lois morales que nos peignes culs d’élus et de bien pensants nous collent.

J’ai donc pris le temps de la réflexion et j’ai opté encore une fois pour une de mes passions, LA CUISINE ! On passe du CUL au CULinaire et j’avoue que j’adore cette idée. Oui mais voilà, il paraît qu’il ne faut pas que je dise mon métier actuel.

Il paraît que ça va me porter préjudice. Je l’ai longtemps cru, j’en ai eu très longtemps peur. Comment faire pour sortir de cette fatalité Travail Du Sexe (TDS) = Précarité, exclusion et mise au ban ? Comme d’hab, ma peur (bien réelle) du regard des autres et de la pression sociale commençait à rendre la chose très compliquée. Mon corps, lui, a fait comme d’habitude, il n’en a rien eu à foutre et a foncé dans le tas en exposant tout, sans revendiquer quoi que ce soit, juste en assumant ce que j’étais et ce que j’avais choisi de faire.

Je vous partage simplement mon témoignage d’une reconversion post TDS qui a marché sans avoir à se cacher. Ca me semble important pour donner un peu d’espoir à celles et ceux qui pensent que ce n’est pas possible. ATTENTION CE N’EST QUE MON TEMOIGNAGE ! Un cas dans la multitude, un cas spécifique qui ne peut pas servir d’exemple et n’exclut pas les difficultés des autres cas individuels. Mais ce cas existe et donc s’il y en a un, il peut en exister des milliers !

TDS et suicide social, ce n’est pas une fatalité

Alors peut-être ai-je eu de la chance, mais depuis 10 ans ça fait quand même beaucoup de chance. Peut-être, et même certainement, que le fait de ne pas avoir d’enfants aide beaucoup. Ou peut-être que le travail personnel que je fais à côté pour accepter à 100% ma vie et mon métier de TDS y est pour quelque chose aussi.

En tout cas, quelles qu’en soient les raisons, j’aimerais dire que même si la reconversion d’un métier autour du sexe et du porno n’est pas facile, elle est néanmoins possible. J’aimerais vous dire que le suicide social qu’on associe à une activité sexuelle non normée (et en plus rémunérée) n’est pas une fatalité. Bien sûr ça demande des efforts, de la détermination et des concessions, mais, au final, pas plus que pour mon copain Selim qui est mat de peau et qui vient de Frais Vallon.

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En quelques mots, c’est quoi un suicide social ?

Comme je n’ai jamais vraiment ressenti ce phénomène, peut-être parce que je suis assez asociale et que j’ai peu « d’ami.e.s », j’ai donc cherché sur internet. Et j’ai découvert que c’était ce que les vieilles/vieux comme moi appelaient « se griller ». En gros, commettre un acte qui fait que tous les regards se tournent vers vous et vous jugent, négativement bien sûr.

Le truc du suicide social, c’est que ça doit être fait devant des gens qui ont de l’importance pour nous ou une masse de gens qu’on nomme « société ». La masse la plus conséquente étant bien sûr celle des réseaux (a)sociaux.

Dans le cadre des métiers du sexe; escorting, prostitution, camgirl, actrice porno & co; le suicide social est inclus dans le packaging des TDS. Les « braves gens » n’aimant pas qu’on leur parle de sexe, encore moins qu’on affiche une sexualité débridée et encore encore moins qu’on se fasse payer pour baiser / être baisé.e.

Oui mais voilà, comme je vous le disais, j’ai une vie sociale très relative et surtout j’ai depuis longtemps fait un gros tri dans mes fréquentations. Il y a les gens que je connais, les copains / copines, la famille et les ami.e.s. Et sur cette dernière partie, les ami.e.s, la sélection a été drastique et se résume à 5 personnes en incluant mon frère et mon Barbu.

Du coup, dès mes débuts dans le monde du webcaming et du porno, je l’ai dit à mes ami.e.s et à ma famille. Les ami.e.s l’ont complètement accepté, ma belle famille et ma mère l’ont subi en comprenant plus ou moins ce que ça impliquait, quelle chance qu’ils soient tellement égocentriques qu’ils n’ont pas cherché à creuser, et mon père, lui, a utilisé ce prétexte pour achever les non-relations que nous avions mis en place depuis déjà 15 ans.

Alors c’est vrai que j’ai parfois lissé mon métier en évitant de donner des détails inutiles. Pas besoin que ma mère ou mon père sache que j’aime la double pénétration ou que je fais très bien les gorges profondes, pour eux c’était des shows érotiques avec nudité et simulation de pratique sexuelle. Idem, ma grand-mère de 85 ans n’a pas besoin de savoir que je fais des films porno parce que j’adore baiser à plusieurs et en plus gagner de l’argent pour le faire.

Le suicide social s’appuie sur la honte et la peur du regard des autres

Du coup, n’ayant rien à cacher à mes proches, je n’avais aucune pression ou peur. Au pire on me reconnaissait dans la rue, m’enfin je suis pas aussi connue que ça, et si on m’importunait j’avais toujours la possibilité de déménager. Ce zéro pression et l’acceptation totale des conséquences de mon choix d’activité m’ont permis de travailler à visage découvert, sans me cacher et sans crainte du regard des autres.

Pour en avoir discuté avec pas mal de copines actrices X ou camgirl qui cachaient ou n’assumaient qu’à moitié leur activité de TDS, je sais que c’est un énorme luxe d’avoir fait l’effort d’affronter ma peur du regard de mes proches dès le début.

Ca m’a permis de ne jamais me cacher ou d’avoir peur du « quand dira-t-on », la base du suicide social, mais aussi de pouvoir mettre facilement les pieds dans le plat et de ne jamais édulcorer quand mes ami.e.s ou copaines me demandaient des détails sur mon métier de camgirl ou sur un tournage porno. Au passage, je me suis aperçue en 10 ans d’activité dans le porno que 90% des gens sont super gênés quand on parle explicitement de sexe, de sexualité ou de pornographie.

Donc 9 fois sur 10, quand on me demande « c’est quoi ton métier » et que je réponds « actrice porno et camgirl », ben la conversation s’arrête à un superbe « ah… ok, et sinon tu pars où en vacances ? ».

Faire l’effort d’assumer sa non normalité et son non conformisme à la foule.

Pour moi, c’est sur notre peur d’être rejeté par le plus grand nombre, nos ami.e.s ou notre famille que s’appuie ce qu’on appelle le suicide social mais si on prend les devants, si on accepte de perdre au final des gens qui ne nous aiment pas inconditionnellement, alors le suicide social, la pression sociale n’ont quasiment plus de prise.

Le déclic final pour moi a eu lieu 5 ans après mes débuts en tant que TDS virtuelle (camgirl). A cette époque je m’occupais d’un atelier Lecture / Ecriture et Audiovisuel avec des ado (filles & garçons) des quartiers pauvres de Marseille. Bien sûr à côté je faisais des vidéos sur PornHub et j’avais mon activité de camgirl. Et bien sûr, arriva ce qui devait arriver, un gamin m’a reconnu sur PornHub et l’a dit à ses copains pour au final que toutes les associations le découvrent.

Je décris ce moment dans cet article de 2017 sur les préjugés autour du porno. Des préjugés que j’avais et que je croyais que les autres avaient.

Le moment où les associations qui m’employaient et les gamins ont appris que j’étais TDS a été un moment charnière, le suicide social était là, bien présent et pouvait potentiellement être très violent voire physiquement mortel. Ce n’était pas un public facile (apparemment) et encore moins un public réceptif. Et pourtant, surprise, après mise à plat explicite et assumée, celle qui jugeait le plus c’était moi et pas eux.

Ce jour là, ces gamins si souvent montrés du doigt m’ont donné une vraie belle leçon de vie. Comme j’assumais pleinement et que je ne leur avais pas montré de honte ou de fausse pudeur, ils ont complètement accepté mon activité de « folle » – pute dans les quartiers – mieux que ça, ils sont devenus respectueux et presque obéissants.

Interlude : Ecoutez le podcast érotique « Comment je suis devenue une pro. »

« Comment je suis devenue une pro. », un roman érotique de Zeppo que j’ai eu le plaisir de lire et de mettre en podcast en septembre 2018. Le roman de Zeppo parle de prostitution, c’est une plongée dans le monde des putes, des dealers et des maquereaux mais chez Zeppo il n’y a pas de pauvre fille victime et subissant son métier de pute. Un gentil coup de pied dans les préjugés.

J’encule mon suicide social : je suis cash et j’affiche tout

J’adore mettre les pieds dans le plat et vous allez voir qu’en l’occurrence, c’est dans tous les sens du terme ! Non il ne s’agit pas de foot-fucking, on se calme les paraphiles ! Donc je reviens à mon suicide social et à mon petit exemple personnel, en espérant que ça va pouvoir vous servir et que vous allez comprendre qu’associer travail du sexe et social shame est peut-être une réalité mais sûrement pas une fatalité.

Vous vous doutez que suite à cet événement avec les minots et les associations, quelque chose a changé en moi. Je n’avais pas succombé à la pression morale supposée de ma famille et de mes ami.e.s, je n’avais pas baissé les yeux et eu honte face à la pression sociale et économique des gamins de quartiers, des parents et des asso alors qui pouvait encore avoir une prise sur moi ? La réponse était simple : quelqu’un de physiquement hostile et/ou mon propre jugement moral.

Pour ce qui est du connard / connasse hostile physiquement, ça je ne peux rien y faire. En province, le fait que je sois une TDS ou pas n’a que très peu d’influence dessus. Je suis une femme, c’est un.e connard / connasse, i.e.l profitera de sa position dominante même si je suis la bonne soeur la plus vertueuse du couvent.

Pour ce qui est de ma vieille morale bourgeoise, rabougrie et cooooonformiste, ça par contre c’est à moi de faire l’effort de bien la socratiser (synonyme recherché de enculer). Et pour ça, j’ai une arme de destruction massive qui s’appelle mon Barbu. Par contre j’ai beau être bien armée (pour socratiser ma morale, j’entends) si moi, Charlie, je ne fais pas l’effort d’affronter mon propre jugement social et moral interne, ben mon Barbu il ne peut pas m’aider !

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Assumer mon activité dans le porno même si je change de métier.

Depuis cette discussion surprenante de 2017 avec les « sales gosses » des quartiers nord de Marseille, de l’eau a coulé sous les ponts et la petite Charlie testeuse de sextoys est devenue une camgirl un peu connue et une actrice X qui adore son métier. Mais le métier de camgirl ou d’actrice porno a quand même une date de péremption : celui de la jeunesse !

Et puis surtout j’ai bientôt fait le tour de ce qui m’intéresse dans le X et dans le divertissement pour adultes et je n’ai pas envie d’y rester juste pour faire de la tune. Même si l’argent est nécessaire, ça n’a jamais été pour moi une motivation suffisante pour aller bosser avec le sourire. Et comme je déteste faire la gueule et aller travailler en râlant, il fallait que je commence à réfléchir à une reconversion post TDS

Ma reconversion post TDS : du cul au culinaire il n’y a que 6 lettres

Depuis 22 ans j’ai toujours été fidèle à une ligne de conduite très simple : je fais les métiers qui me plaisent, ça ne veut pas dire que c’est toujours la super éclate mais au moins j’aime ce que je fais. Comme dirait Siébert, j’aime mon métier parce que ce n’est pas un travail !

Après 15 ans de théâtre et 10 ans dans le porno, je me demandais ce que j’allais faire pour « mes vieux jours » même si c’était assez évident. De suceuse j’allais devenir goûteuse puisque ma reconversion post porno sera dans les métiers de bouche. Ceux qui me suivent sur les réseaux savent à quel point nous sommes gourmets et gourmands et puis comme ça je continue sur ma lancée des métiers basés sur mes plaisirs.

La grosse blague c’est que le monde de la cuisine est encore, même si ça change, un monde de mecs et un univers qui reste très macho. Pour mon CAP cuisine, sur 24 candidats nous étions 2 filles. Qui dit un univers masculin dit potentiellement beaucoup plus de chances d’avoir des « clients » de PornHub ou Xvidéos où je commence à être un peu visible. D’ailleurs j’ai très souvent dans ma clientèle de show cam des cuistots.

Alors est-ce que j’allais être légitime ? Comment une débutante de 42 ans (l’âge des chefs) n’ayant jamais mis les pieds dans une cuisine pro allait être reçue ? Comment les jeunes mecs, qui sont la majorité des cuistots, allaient prendre ça ? Comment un chef de cuisine allait prendre l’arrivée d’une « pétasse » qui se prend en photo sur Instagram en petite tenue ?

Et si en plus ils savent que je fais du porno à côté, comment vont-ils réagir ? Est-ce qu’ils vont me harceler ? M’agresser ?

Comme je n’étais pas pris à la gorge j’ai décidé de continuer mon activité dans les métiers du sexe en parallèle de la cuisine jusqu’en 2025 et que je veux me reconvertir mais pas n’importe comment j’ai pu attendre et choisir le restaurant qui me convenait.

Comme dans tout emploi vous pouvez aimer le job il faut aussi que votre profil convienne. Chance, c’était le cas. On me proposait donc un poste de second de cuisine dans un établissement qui travaille comme j’aime. Une cuisine simple, bien faite, avec des produits frais, locaux, de qualité. Le soucis c’est que le chef cherchait un second pour travailler 8 services semaine – soit 4 jours par semaine de 8h30 du matin à 23h avec une pause de 3 heures entre deux services.

Mentir et me cacher, Assumer et exister ou refuser ?

J’aurais pu sauter à pied joint dedans et faire disparaitre en un clin d’oeil les 10 ans de porno. Noyer sous des heures et des heures en cuisine la « mauvaise fille » que j’étais. C’était exactement tout ce que je voulais éviter du coup je n’avais que trois solutions :

  • Refuser le job, ce qui était d’une stupidité rare vu le cadre et le salaire (surtout pour de la restauration)
  • Accepter le boulot et mentir en prétextant un chéri handicapé vivant totalement à ma charge
  • Accepter et être honnête, donc dire que j’avais déjà un autre métier à coté et que je voulais me reconvertir en douceur.

Bien sur j’ai choisi l’option la moins fatiguante et la plus simple à savoir dire la vérité. Je vous donne la teneur de notre échange ça sera plus simple.

LE CHEF : Donc ce qui m’arrange c’est que tu viennes 4 jours par semaine midi et soir plus le service du dimanche midi, c’est bon pour toit ?

LA CHARLIE : ha mais je peux pas ! J’ai un autre job à côté et ça fait 10 ans que je le construis je peux pas partir comme ça et tout abandonné. Donc non 4 jours je peux pas mais je peux venir trois jours par semaine et pas le soir – ouais j’ai pas eu peur sur ce coup

LE CHEF : Ha, ça m’arrange pas et en plus pas le soir ! Mais t’es sure de toi ?! (je réponds oui oui) Mais tu fais quoi comme boulot à coté ?

LA CHARLIE : ben je bosse dans le porno je suis camgirl (regard interrogatif du chef), je fais des shows érotiques ou sexuel devant des gens en webcam (regard vague du chef) et comme j’ai mis 10 ans pour avoir un peu plus de 70 mille followers et une bonne réputation j’ai pas du tout envie de les laisser tomber comme ça.

LE CHEF : (regard amusé et pétillant) Ha ben oui je comprends, non, mais c’est cool, je comprends. Pareil je me verrais pas lâcher le resto d’un coup pour aller bosser chez un chef, même un grand. Bon ben ok pour trois jours par semaine mais tu viens le soir quand même.

LA CHARLIE : ha mais non je peux pas parce que le soir je bosse justement en livecam. Quand j’ai fini ma journée en cuisine je rentre à vélo, je mange, je prends la douche et hop je file en show avec mes chéris.

LE CHEF : (râle un peu dans sa barbe) Ok, et oui tu peux pas faire ça entre 4 et 6 heures de l’aprem (moi : ben non !) Bon ben du coup tu viens me seconder le Jeudi Vendredi Samedi et le Dimanche midi ok ?

LA CHARLIE : Alors en fait le samedi matin je bosse déjà chez des forains, sur le marché, et je peux pas les laisser dans la mouise du jour au lendemain et puis le dimanche c’est pas possible parce qu’en général les films porno c’est le week-end vu que les acteurs ils font du porno en plus de leur job du coup ils ont que les week-end pour tourner. Par contre les autres jours de la semaine sans souci.

LE CHEF : Ha ouais, ok ! T’es super prise dis donc (on rigole tous les deux) Bon ben on part sur Mardi / Mercredi / Jeudi et tu fais toutes les mises en place longues ok ? Et si des fois tu peux faire en extra un jour de plus c’est cool

LA CHARLIE : Parfait tout le milieu de semaine et les mises en place longues (pain, découpe, gratin…) Par contre pour faire 4 jours je peux mais qu’au moment de mes règles parce qu’à ce moment là je fais pas de livecam ni de films. Tu veux que je te donne mon agenda des règles ?! (j’étais très sincère)

LE CHEF : (se colle la main sur le visage) Non ça va aller, arrête de me donner des détails s’il te plait. C’est bon je t’engage en CDI (la classe) vu comme t’es douée et puis pour le 4éme jour on verra au fur et à mesure…

Alors oui j’ai peut-être eu de la chance, je suis peut-être arrivé dans une telle pénurie de mains d’oeuvre en restauration que quelqu’un apparemment un peu doué se voit dérouler un tapis rouge mais là n’est pas l’important. J’aimerais que vous reteniez juste un truc : IL N’A PAS EU PEUR !

On a le droit d’exister comme on est, on a le droit d’assumer, de dire ce que certains voudraient qu’on cache ! Il suffit d’OSER assumer et d’être prêt à essuyer un refus et pour ça il faut préparer sa reconversion post TDS

Mes conseils pour votre reconversion post TDS

Voilà « le changement c’est maintenant », je suis « en marche » vers « travailler plus pour gagner moins ». Je vais continuer mon activité dans les métiers du sexe mais petit à petit je vais m’effacer de la planète CUL. Du coup avant de partir voilà mes quelques conseils pour réussir à rentrer et sortir de l’économie du sexe.

Je n’ai pas d’enfant par choix, c’est un élément important de réflexion. Si j’avais eu un gamin peut-être que je parlerais autrement, peut-être. Mais j’ai choisi et j’assume pleinement ça aussi.

Ces conseils ne vous garantirons pas de faire fortune ni de n’avoir aucun moment difficile mais par contre vous économiserez vos nerfs et éviterez de tomber dans des pièges ou de vous enrager pour rien.

Le monde du divertissement pour adultes n’est ni pire ni meilleur que les autres mondes du travail. Par contre la réputation que les trous du culs serrés et #lesgens vont vous faire elle est vraiment différente et souvent pour le pire.

1er conseil : mieux vaut être seul.e que mal accompagné

J’ai énormément de chance d’avoir mon Barbu. Même si ça n’a pas toujours été facile pour lui il a accepté mon métier, ma façon d’être et mes points de vue. Parfois il m’a forcé à aller bosser quand ma morale me faisait geindre, parfois il a su me dire d’aller faire dodo ou m’a obligé à ne pas répondre à certains propos.

A mon avis un « modérateur » est un réel plus. Quelqu’un qui ne vous veut ni bien ni mal mais qui est là pour vous, pour vous permettre de respecter votre choix y compris face à vos propres doutes et peurs. En plus c’est pour moi INDISPENSABLE pour aller à un shooting ou un tournage sereine.

2éme conseil : Prenez votre temps !

Que ce soit pour devenir un.e travailleur.se du sexe ou au contraire en sortir commencez à réfléchir en amont, n’attendez pas d’avoir le couteau sous la gorge. C’est valable pour toutes les reconversions au passage. Bien sûr parfois il y a des accidents qui nous obligent à changer plus vite que prévu mais souvent c’est faute d’anticipation.

Que ce soit pour débuter en tant que camgirl ou actrice X ou pour sortir de ces métiers du sexe, ça me semble essentiel de ne pas vouloir aller plus vite que la musique. De ce que j’ai pu voir c’est très souvent quand on est dans l’urgence qu’on fait n’importe quoi et qu’on ne voit pas les loups déguisés en agneau.

Je pense que le fait de prendre du temps, de ne pas se presser, de ne pas avoir la pression, est un élément essentiel pour qu’une reconversion post TDS ou autre soit sereine et aboutisse à une nouvelle vie choisie.

3éme conseil : n’ayez pas peur de perdre

C’est une base, ici encore pour plein de domaine de votre vie, si vous avez peur de perdre vous donner des munitions à vos détracteurs ou à votre « client ». Si vous avez peur de perdre un client il va vous plier et vous manipuler. Si vous voulez à tout prix jouer dans un porno, même résultat, la prod va vous rouler dans la farine et abuser de vous. Et encore une fois pareil si vous avez peur de perdre votre anonymat, l’image pieuse de vous même tous les haters vont s’en donner à coeur joie.

Essayez de trouver un chemin très difficile qui est d’être heureux de perdre. Heureux de ne pas attendre, espérer. Avoir des souhait oui bien sur c’est indispensable, avoir des espoirs, des attentes… Idéal pour vous faire piéger.

A ce sujet je vous conseille vivement de ne pas avoir de secret honteux et de dire à votre famille ce que vous faites. C’est un moment crucial et super déplaisant mais pour rappel vous ne tuez personne ! Vous n’escroquez personne, vous ne blessez personne ! Alors pourquoi avoir honte ?

Les assureurs, les garagistes mal honnêtes, les médecins « attoucheurs » ou les agent de sécurité super zélé ont ils honte ? Apparemment non, alors pourquoi vous ? Le client est consentant, vous aussi, donc ASSUMEZ !

Je le dis et je le répète JE N’AI PAS D’ENFANTS c’est peut-être un facteur allégeant mais de ce que j’ai pu voir mieux vaut avoir honte 15 jours qu’avoir peur et être à la merci d’un tiers (client / hater / patron / conjoint) pendant des mois !

4éme et dernier conseil : économisez de l’argent !

Déjà ne vous attendez pas à gagner des millions, l’age d’or du porno est fini depuis longtemps et même si quelques acteur / actrice / camgirl vivent très bien ça inclus aussi certains sacrifices. Donc pour ne pas avoir le couteau sous la gorge, le conseil n°1, pensez à économiser !

Essayez de ne pas trop changer votre style de vie et mettez l’argent excédentaire de coté. Les métiers du sexe, comme les sportifs peuvent que très rarement tenir sur la durée. Je trouve que 10 ans pour moi c’est déjà beau, je m’imagine mal à 50 ans me connecter tous les jours en live pour payer mon loyer.

Par contre si vous avez déjà travaillé dans un métier vertical vous allez voir que le taux horaire entre une camgirl et une serveuse de bar est très différent. Donc prévoyez que qu’en vous allez sortir des métiers du sexe vous allez retrouver les salaires des métiers ordinaires. Un matelas rembourré pour adoucir l’impact me semble être une bonne idée…

Voila moi je vais vous laisser et avant de petit à petit disparaître dans mes cuisines je vous souhaite vraiment le meilleur. Quoiqu’on en dise, quoique les « braves gens qui n’aiment pas queue » en pense le monde de la pornographie n’est pas pire que celui des théâtreux, des cafetiers ou des cuisiniers.

Ils y a des gros.ses con.ne.s comme partout. Il y a aussi des gens géniaux un jour et dramatiquement débile le lendemain et même parfois des coeurs fidèles et des vrais humains. C’est la vie et elle est très semblable à la vie verticale.

Si je peux vous donner un dernier conseil, réfléchissez bien, pesez le pour et le contre et après : BANZAÏ ! Soyez vous même, découvrez vous, cherchez vous, mettez vous à nu dans tous les sens du terme. C’est plus fun et surtout quand vous voudrez changer pour revenir chez « les gens normaux » vous n’aurez plus rien à perdre et ils ne pourront plus vous faire subir grand chose.

Travail du sexe & Suicide social, des liens pour aller + loin

  • Un article sur MAGICMAMAN – et oui – de Liza del Sierra. Elle assume parfaitement son activité dans le porno et vie simplement sa nouvelle vie de mère – Témoignage
  • La série d’Ovidie « Des gens bien ordinaires » autour du suicide social de l’après porno. C’est du Ovidie donc c’est féministe, engagée, intélligent et sans concession. On aime ou pas.
  • Le nec plus ultra du commun des mortels sur le forum JEUX VIDEOS. J’ai trouvé un topic sur « les meufs qui font du porno c’est un suicide social non ? ». Vous allez voir en lisant les réponses ce que la crasse mentale de la « majorité silencieuse » pense. C’est petit, c’est mesquin et c’est aussi la vie de tous les jours des babouins atrophiés du bulbe
  • Sans oublier l’état et le Sénat qui sous couvert de protéger vos chères têtes blondes en profite pour un peu plus stigmatiser et renforcer le porno shame