Les fidèles des lectures érotiques de Charlie connaissent déjà le Prix de la Nouvelle Erotique. Pour les p’tits nouveaux, je vous explique : chaque année depuis maintenant 4 ans, les Avocats du Diable organisent le Prix de la nouvelle érotique, PNE pour les intimes. Le principe est simple, mais pas facile ! Les auteurs qui participent au PNE ont 8 heures pour écrire, dans la nuit du passage à l’heure d’hiver, sur le thème de l’érotisme mais avec une double contrainte. Le contexte de situation et le mot final sont imposés. Et évidemment, les auteurs n’en prennent connaissance qu’au dernier moment, juste avant de se lancer dans un marathon d’écriture !
One mort time – Prix de la nouvelle érotique 2019
Cette année, le contexte de situation était « One Mort Time » et le mot final : entonnoir. 300 inscrits, 242 nouvelles rendues à temps qui concourent pour remporter ce prix littéraire… Apparemment, d’année en année, la qualité est au rendez vous !
Mais cette année, exceptionnellement, il n’y a pas eu un mais deux lauréats ! Et oui, après des heures de délibération, le jury n’a pas réussi à départager les deux dernières nouvelles en lices. Du coup, cette année y a deux gagnants !
C’est donc Agathe Rivals, avec sa nouvelle « La Peau de l’Ours », et Keena McKeelogan et sa « Guitar Heroin » qui remportent le PNE 2019. Chacune a reçu un chèque de 1500€ et une résidence d’écriture de 3 semaines en Camargue. Félicitations à elles !
PNE 2019 : Un érotisme prudent
Evidemment, j’ai lu ces deux nouvelles, et j’attends avec impatience que le recueil des 10 nouvelles érotiques sélectionnées sorte ! Je les ai trouvées, ma foi, fort bien écrites, rien à dire de ce côté là ! J’avoue que j’ai particulièrement aimé l’écriture vive et incisive de Guitar Heroin. Avec la Peau de l’Ours, on passe dans le domaine de l’onirisme, du poétique. C’est très beau aussi.
Mais étrangement, j’ai trouvé peu d’érotisme cette année. Ou en tout cas, un érotisme très chaste ! D’ailleurs, aucune des nouvelles ne parle d’une rencontre charnelle.
Avec La Peau de l’Ours, de Agathe Rivals, on est dans le monde du rêve. C’est la rencontre entre une femme qui goûte la solitude et un être onirique, mi homme mi ours. Une évocation poétique et onirique.
Guitar Heroin, écrit par Keena McKeelogan, nous parle de la relation passionnelle entre un musicien et sa guitare. Avec tout le côté charnel que ça implique, les je t’aime moi non plus, les trahisons et les retrouvailles. Evidemment, l’analogie avec la relation ambivalente et multiple entre un homme et une femme est là.
Mais au final, y a pas de cul cette année ! Pas de corps qui se frottent, de sueur et de foutre. Ca reste très sage. Trop sage.
Des nouvelles érotiques trop suggestives
Alors oui, l’érotisme peut être suggestif, et axé vraiment sur la sensualité. M’enfin, là, perso, je trouve ça très très évoqué et au final, pas très érotique. Certes, il y est question d’éveil des sens, mais les miens restent assez stoïque…
Et une question me taraude. Est-ce un choix du jury d’édulcorer de plus en plus l’érotisme ? Ou les nouvelles proposées sont-elles de plus en plus sages ?
Dans un monde où Instagram et Facebook règnent en maîtres, j’aime que des auteurs comme Christophe Siébert soient là. Des mots crus, qui parle de corps, de bite, de chatte. Des histoires qui parlent de la violence du désir et du choc des corps. Et pas que des évocations douces… Les deux nouvelles lauréates du Prix de la nouvelle érotique 2019 sont disponibles sur le tumblr des Avocats du diable.
Ecoutez, lisez, et vous me direz…