Le porno a toujours fait couler beaucoup d’encre et suscité beaucoup d’émotions, aussi contrastées que dénuées d’objectivité. La journaliste Marie Maurisse, à travers son livre PLANETE PORN, essaye de nous donner un regard plus neutre et nuancé sur l’industrie du X mainstream et sur une partie de la réalité des humains qui font et vivent du commerce pornographique. Marie Maurisse, journaliste d’investigation et correspondante du Monde en Suisse, à travers son enquête de 3 ans au coeur du X grand public, nous fait passer derrière le rideau sulfureux DES industries du X et de nos préjugés, positifs ou négatifs.
Un livre enquête de (vrai) Journaliste relativement neutre dans son positionnement, qui, en plus d’être facile et agréable à lire, nous donne un (trop) petit aperçu de la vie des différentes strates qui font le divertissement adulte. La grande qualité de PLANET PORN : ne pas tomber dans la victimisation, la cajolerie ou le ragot mesquin, ce qui est tellement facile avec le X.
Si vous êtes à la recherche d’informations crousti-fondantes ou d’une validation de ce que vous CROYEZ savoir sur l’industrie du porno : PLANETE PORN n’est pas un livre pour vous !
Si vous avez l’esprit aussi mal tourné que le mien, vous noterez dans cet article toute une foule de mots qui prennent un sens olé olé dès qu’on parle cul ou porn. Régalez-vous !
Table des matières
Planète porn, un livre enquête pour sortir des fantasmes
Marie Maurisse ne rentre pas dans le commérage et n’essaye pas non plus de nous convaincre. Simplement, elle fait le récit de plus de 3 années de rencontres avec des vrais humains et d’enquête sur un milieu très fermé et très hétéroclite.
Contrairement à la mode actuelle, PLANETE PORN n’est pas un livre à charge ni à décharge.
On est loin de l’engagement politique et anti porn d’une OVIDIE ou des mouvements « féministes » abolitionnistes. Marie Maurisse fait juste son travail de journaliste. Elle ne cherche pas des validations à son point de vue mais récolte simplement des faits, en essayant de les orienter le moins possible.
Le livre commence sur un constat empirique : Le porno est partout. Mais aussi sur une série de questions : Qui sont les humains derrière ces images ? Qui sont les tenanciers de cette industrie de la sexualité mise en images ? L’industrie porno a-t-elle évolué avec internet ? Y-a-t-il des risques à regarder du porno, bien sûr, mais aussi, quels sont les risques pour les acteurs de ce milieu ?
PLANET PORN ne répond pas de manière simpliste à ces questions. La journaliste, même si elle laisse paraître ici et là son opinion sur certains de ces interlocuteurs (Rocco Sifredi & Woodman), ne réfléchit pas à la place de son lecteur. Contrairement à ce que j’ai pu lire dans l’EXPRESS ou entendre via des questions orientées des interviewers, PLANET PORN n’est pas, pour moi, un réquisitoire contre le porno. Mais un livre bilan, une photographie à l’instant T de la réalité d’une industrie qui est en pleine mutation.
Osez le livre : PLANETE PORN de Marie Maurisse
Planète PORN aux éd. STOCK
224 pages – Format : 136 x 215
EAN : 9782234083530
Prix : 18.00 €
Extrait de PLANET PORN
…En trois ans d’enquête, j’ai sillonné le monde à la rencontre d’acteurs, de producteurs, mais aussi d’agents. À Paris, à Budapest, à Los Angeles, ils témoignent tous d’un monde qui change. Le monde du X, mais aussi celui de nos fantasmes. Le discours que les professionnels livrent sur eux-mêmes n’est pas suffisant pour en comprendre les ressorts. Car face à la révolution du web, ceux qui font la pornographie se considèrent assez souvent comme des victimes. Sentiment semblable, en tous points, à celui des majors face au téléchargement illégal. C’est pourquoi j’ai également interrogé des spécialistes qui gravitent autour de la pornographie et en font un champ de recherche scientifique, qui a déjà passé la porte des universités. J’ai choisi, pour cette enquête, de me concentrer sur le porno mainstream, …
Planète porn – Marie Maurisse
Mon avis sur PLANET PORN
PLANET PORN déplaira aux anti porno mais ne rassurera pas non plus ceux qui veulent y pénétrer pour X ou Y raisons. C’est ce que devrait être le travail journalistique*. Rassembler des faits, peu importe qu’on les aime ou pas, et les proposer intelligibles aux autres membres de la société civile. C’est à mon sens ce que réussit à faire MARIE MAURISSE, fournir un outil à ceux qui veulent une ébauche relativement neutre sur l’industrie du porno en 2019. Le bilan n’est pas glorieux mais il s’explique, sans se justifier pour autant.
On retrouve, comme d’habitude, les même faits que nous allons retrouver chez UBER, dans la restauration ou dans toute autre entreprise en restructuration : aveuglement des anciens cadres, dégradation des conditions de travail et quête du toujours plus pour maximiser les profits. Escroquerie, exploitation de la crédulité et de la misère… Le sexe n’est devenu, au final, qu’un produit comme un autre. Mais est-ce une grande nouveauté ?
Un livre enquête qui se lit tout seul et qui trace un portrait à mon sens réaliste et sans trop d’apitoiement sur l’industrie du divertissement pour adulte. Même si l’autrice passe un peu vite sur certains sujets et oublie de mesurer son propos sur les tubes porno. PLANET PORN reste un premier pas pour se faire SON idée et arrêter de croire les « experts » qui se répandent au café du commerce ou sur les plateaux « tévé ».
*Plaire ou déplaire aux con-vaincus (mots très rigolos, non ?) de tous bords n’est pas le travail d’un journaliste mais d’un éditorialiste.
Gloire et décadence de l’industrie pornographique
Depuis les (ex) grands studios de Los Angeles jusqu’à des « petits » producteurs expatriés dans les pays de l’Est, en passant par notre Dorcel national et l’univers des plateformes de livecam, Marie Maurisse essaye d’effleurer les principaux visages de la nouvelle PLANETE PORN. Car oui, le temps où John B. Root et la Team Dorcel pouvaient s’offrir le luxe de réaliser des grandes soirées pour la sortie de leur film avec des budgets dignes du cinéma tradi est bien fini. Internet, les tube et le « tout gratuit », que ce soit dans le porn ou ailleurs, sont passés par là !
On découvre que les grands studios de la PORN VALLEY, en Californie, ont laissé la place aux cadres de la new-tech. Les Vivid, Anabolic, BangBros et autres Digital Playground survivent (bien, quand même) mais voient leur nombre se rétrécir d’année en année. Plus de la moitié ont déjà disparu au profit des vidéos « amateurs ».
Les actrices ont vu leurs salaires diminuer de plus d’1/3… On ne va même pas parler des acteurs, qui à part quelques rares stars, sont considérés comme de la viande interchangeable. Sans parler des livecams, qui ne sont un el dorado que pour les quelques grandes superstructures opaques et les fermes à filles roumaines ou d’Amérique du sud. La majorité des camgirls indépendantes vivent bien de leur métier mais ne sont pas « riches » pour autant.
Le règne du faux homemade
Marie MAURISSE plonge un peu plus loin dans le porno à travers les (fausses) productions amateurs qui ont le vent en poupe. C’est moche, ça exploite souvent la crédulité des actrices et des acteurs mais c’est « ce que le public veut ». Du moins c’est ce qui marche sur les TUBE PORNO gratuits.
En plus, le côté « amateur » permet de faire à peu près tout au niveau hygiène et contrat. Les filles et les mecs sont de la viande, interchangeable, interbaisable, dans tous les sens du terme. Un seul mot d’ordre : faire un max de buzz avec du super hardcore et pour un coût ridicule. C’est le fast food de la pornographie. La planète porno retombe dans ses travers.
Comme pour les TDS en général, les lois morales des dernières années n’encadrent rien, elles permettent juste de ramener dans l’ombre ces seins que nous n’osons voir mais sur lesquels nous bavons…
D’un côté, le consommateur de porno ne peut même plus imaginer payer. De l’autre, les humains qui vivent du porno veulent continuer à exister. Au milieu, la moralisation du monde, et voilà comment le monopole PORN HUB / YOUPORN devient réellement le seul moyen de diffuser sa production X, (faussement) homemade ou pas.
Un seul coupable : les tube porno… ?
C’est pour moi le gros bémol de PLANET PORN. Marie Maurisse a enquêté auprès des professionnels du milieu, elle n’a pu entendre que ce son de cloche. PORN HUB, C’EST LE MAL ! Et oui, il faut toujours qu’il y ait un « grand méchant ». Pour moi, Planet porn présente un peu trop les tubes porno gratuits comme le coupable de tout ça. En même temps ça doit être vrai puisque tous les acteurs du milieu, blogs, productions, vous le disent… Enfin, tous ceux qui ont perdu leur position dominante et leur fortune !
Alors bien sûr, c’est (très) opaque, mais AREVA, TOTAL et autres sont-elles totalement transparentes ? Bien sûr, PORN HUB et YOUPORN ont scellé le sort des « supers productions » et de l’âge d’or du porno. Ce qui a permis, voire « obligé » les prod. à faire du « Toujours plus ». Mais ça serait aussi oublier que PORN HUB & co font vivre, par le reversement aux modèles X, pas mal d’actrices / camgirls indépendantes via la diffusion de leurs vidéos homemade. Et oui, mesdames et messieurs, chaque fois que vous visionnez une vidéo X LEGALE d’un model HUB, et bien elle récupère un petit quelque chose.
Un reversement miséreux ? Oui, bien sûr, mais c’est exactement pareil pour les YOUTUBEURS !
Je ne vais pas rentrer dans ce débat mais dites vous bien que c’est pareil sur YOUTUBE, et curieusement ça ne chagrine ou n’offusque personne. Les YOUTUBEURS (sauf exception) ne vivent pas des reversements de la plateforme mais des placements de produits qu’ils font !
Donc PORN HUB, c’est le YOUTUBE du cul … vu que sur youtube le cul c’est pas franchement bien vu (au mieux c’est démonétisé).
Lisez, réfléchissez, discutez pour vous faire votre idée
Alors je ne suis pas actrice X, je ne suis qu’une camgirl perdue dans sa petite ville de province. Donc mon avis n’est pas représentatif mais il a au moins le mérite d’être mien et pas celui qu’on veut que j’ai. A vous de lire PLANET PORN, d’explorer, de réfléchir, de déduire et de vous faire VOTRE IDÉE.
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