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La peur, drôle de sujet pour un post !
La peur, ce poison insidieux qui peut contaminer toutes les facettes de notre existence, même les plus intimes. La peur, qui peut nous sauver la vie, nous faire crever tétanisé ou nous pousser au delà de ce qu’on croyait pouvoir être ou faire. Depuis le 13 novembre elle me guettait, tapie, prête à bondir à la moindre faiblesse. Je la connais bien la peur. Elle m’accompagne depuis longtemps, parfois elle me terrasse, souvent je la tiens à distance, on se côtoie depuis longtemps. Mais cette peur là, la peur généralisée, la panique, j’en voulais pas. Et puis, ahlala le hasard de la vie (existe-t-il vraiment ?), un matin, jour de marché, je croise quelqu’un, rencontre silencieuse, de ces silences embarrassants, pesants, cette rencontre m’a juste mis le ptit coup suffisant pour me faire perdre la vigilance.
Quelques heures plus tard, elle est là, tapie au creux du ventre, c’est elle qui serre la gorge, empêche les mots de sortir. J’ai succombé. Panique à bord. Je déborde, je m’étouffe.
Courir, courir, dépasser sa crasse
Une seule chose à faire, j’attrape mes baskets, oranges, comme mes chaussettes. Courir, pour écouter se dérouler mes pensées, les démêler. Courir pour prendre conseil auprès du vent, des grands saules qui émergent de l’eau. Courir, sentir mes muscles chauffer, brûler même, je préfère brûler dehors que dedans. Bric à brac de mots, d’idées, vagues de sanglots, drôle de course, j’me cours après, j’ai la cervelle qui tourne à 2000. Des mots qui s’collent dans ma tête. Terrorisme, mort, violence.
Oui, tout acte terroriste est d’une extrême violence, injuste. Inhumain ?
Nous sommes tous des terroristes, nous sommes tous des preneurs. J’ai entendu, terrible drame, mort subite à laquelle on n’est pas préparé. Mais on n’est jamais préparé à la mort. Elle arrive, quand c’est l’heure, qu’on soit d’accord ou pas. Juste ou pas, la mort est super équitable, peu importe ta couleur, ton sexe, ton âge, ta religion, ta profession, elle embrasse tout le monde sans distinction.
On s’offusque, on se scandalise, on part en guerre.
La fameuse loi du talion, oeil pour oeil dent pour dent, tu m’attaques je t’attaque, nous on a le droit, on est dans not’ bon droit. C’est drôle quand on s’recule, le rire est un peu jaune, mais c’est drôle. Mais y en a d’autres des terrorismes, des ptits qui font pas d’bruit, des quotidiens, tout aussi meurtriers, violents, blessants mais nettement moins spectaculaires. Pour défendre envers et contre tout un mode de vie, une pensée, un dogme.
Il est pas cher le poisson d’intermarché, il est frais, c’est vrai mais à chaque fois on finance la destruction massive des fonds marins. Si les poissons pouvaient parler, j’suis sûre qu’ils crieraient au génocide, à la destruction massive de leur environnement, à leur mort mécanique et programmée pour l’intérêt et le confort de grands trucs bizarres pas foutus d’respirer sous l’eau. Seulement c’est pas chiant les poissons, ça parle pas, et ça nous ressemble pas assez pour que qui que ce soit en ait quelque chose à foutre.
Et lui, là, son nom c’est Cédric.
Que voulez vous c’est comme ça, Cédric aime les garçons. Quand il l’a dit à son père ? C’est à coups d’ceinturon que le pater a accueilli la nouvelle, c’est à coups d’pieds au cul qu’il a foutu son fils dehors, en n’oubliant pas de le renier, parce que comprenez, qu’est-ce que les gens vont dire ….
Et celui là, qui parle plus à sa fille depuis qu’elle a épousé un noir … Et tous ceux là, qui passent devant Pietr, sans un regard, ou alors dérobé, un regard dégoûté, clochard c’est ptet contagieux comme maladie … Oui, c’est vrai, c’est des poncifs, et pourtant ça continue.
Alors on fait quoi ?
On prend une kalash, un mirage, une machette et on va buter tous ceux qui s’conduisent mal ? Mais c’est quoi le mal ? qui décide ?
« Le mal c’est quand on tue quelqu’un d’autre ! » Et les morts à ptit feu, les assassinats silencieux par indifférence, ça compte ? Et les lions qui bouffent les gazelles, faut les buter tous aussi ?
« Ils se comportent comme des bêtes ! » Vous aussi vous avez dû le lire ce genre de phrases. Mais non, chez les bêtes, oui y a la mort, oui y a des territoires, mais jamais il n’y a de rancoeur, de mépris, de jugement, de « je te considère moins que rien », « moins que moua ».
Nous sommes de la race des preneurs !
Ecoeurement. De toute l’humanité. Et pourtant …. Et pourtant y a aussi de belles choses, tellement belles. Alors je fais quoi ? je tue tous ceux qui ont pêché, moi y compris ? je me lamente, je m’apitoie jusqu’à me noyer dedans ? Ben non, je cours, je cours encore, jusqu’à me rappeler à moi, jusqu’à me rappeler que la mort est là, confiante, bienveillante, chaleureuse. Je cours encore, et puis je danserais aussi, et puis je chanterais, et puis je pleurerais encore, sur mon triste sort de triste petit humain pas foutu de se rappeler qu’il est fait de la même matière que les étoiles, pas foutu de se rappeler qu’il est le monde lui aussi, à chaque instant.
Je cours, je sens le vent, les arbres, l’herbe sous mes pieds. Sortir de la danse infernale du monde des hommes et juste faire un pas après l’autre, inspir après expir. Et vivre la poésie du monde, à l’intérieur de soi et au dehors. Voilà, face à la peur, à la panique, à la connerie, j’ai trouvé que ça. Courir jusqu’à me retrouver, jusqu’à me rappeler à l’essentiel, les sensations, les perceptions, un pas après l’autre.
Et puis me rappeler, toujours, oui, c’est certain, je vais mourir, alors en attendant, vivons !
si vous avez envie et pour expliciter le « nous sommes des preneurs » : le film Instinct avec le magnifique Anthony Hopkins est là
Mes Hommages Du Soir Charlie
Que vous fassiez une chronique sur des événements proches , je le conçois , mais je trouve certaines de vos comparaisons de fort mauvais aloi…
Vous semblez être très (trop??? ) sensible à la « population maritime » , je le suis mais dans une moindre mesure. De là à comparer une simple pêche pour nourrir des populations aux attentats ayant eu lieu en France. Certes , certaines espèces en voie de disparition devraient être préservées , mais de là à parler de destruction massive , la COP 21 fera le reste , j’ose un triple lol sur cette affirmation …
Quant au passage sur « Cédric » , beaucoup de « parents de la génération d’avant nous » (j’ai 40 ans) ont toujours eu du mal avec l’homosexualité ou le mariage « inter-coloris » (oui j’ose cette expression) … Mais de même , tout ceci , je le trouve , reste très superficiel par rapports aux évènements parisiens vécus la quinzaine dernière…
Merci de m’avoir lu
Au plaisir d’une réponse et de débattre via mail
beberto
De plus
Bonsoir beberto 🙂
Merci déjà pour votre commentaire, de partager votre point de vue.
Je ne vais pas me justifier, mais vous répondre, avec grand plaisir.
Cet article n’est pas une chronique des événements, c’est juste un billet, un partage de mes émotions du moment, parce que c’était coincé dans ma tête et que j’avais juste envie de le partager.
Je ne cherche à convaincre personne, ni à donner une analyse socio politique de ce qui s’est passé, ça n’engage que moi au final.
Et je comprends qu’on ne soit pas d’accord, en fait je m’attendais même à ce qu’on me dise « oula tu ne peux pas dire ça, tu ne peux pas comparer les fonds marins à des attentats »
Mais je ne compare pas l’un à l’autre
je vois juste que l’humain est un preneur en règle général. Il prend ce dont il a envie, ce qu’il estime lui être dû, sans respect ni conscience du reste
je vois que l’humain se croit supérieur au reste de la « création » , que ce soit les autres espèces animales, végétales, la panète, etc..
que l’humain catégorise, décide de ce qui est valable ou pas, et bien souvent à part sa gueule, à part son contentement immédiat, y a pas grand chose d’autre qui vaut le coup
je dis juste que oui, c’est clair que c’est violent ces attentats, non je ne les cautionne pas, mais je ne comprends pas pourquoi tant de gens d’un coup se réveillent et crient à l’assassinat des libertés alors qu’ils laissent faire les 90% autres assassinats silencieux
je dis juste que, en quoi c’est superficiel l’homophobie toujours présente, le racisme toujours présent, en quoi c’est moins important ? parce que l’homophobie, c’est pas que la génération d’avant, de ce que j’ai vu y avait pas que des gens de 50 piges et plus aux manif contre le mariage pour tous
de ce que je vois, y a pas que des gens de 50 ans et plus qui se réjouissent que marine et marion passent au pouvoir
je dis juste que la mort est présente, partout, tout le temps, sans la mort pas de vie
je dis juste que la violence aussi est présente, beaucoup, et qu’elle est tout aussi meurtrière quand elle est discrète et quotidienne
je dis juste que face à la peur de la mort, partir en guerre la fleur au fusil c’est juste continuer un peu plus l’engrenage
je dis juste que face à la peur de la mort pour moi il n’y a qu’une chose à faire, respirer, inspir après expir, et me reconnecter à mon corps, au Monde, le Monde avec un grand M, pas le petit monde des hommes, le monde qui englobe tout, y compris la mort, me reconnecter au temps présent, quitter les rails des projections humaines pour revenir juste à la pulsation de vie, celle que je sens dans mes tempes quand je cours, celle que je sens quand je regarde une fleur pousser, quand je m’assois à la terrasse d’un café et que je regarde mes congénères humains, revenir au présent, juste au présent.
Mes hommages du Soir également, et au plaisir de partager, sur cet article ou d’autres 🙂
Salut Charlie
Merci pour ce « billet » qui exprime aussi ma pensée et celle de Flor notre incrédulité et notre horreur face à ce qui c’est passé et en étant fortement et forcément touchés (trois de nos amis nous ont été enlevés) .
Mais comme toi la vengeance n’est pas la solution mais la détermination et continuer à vivre pour ne pas leur « faire plaisir ».
Nous t’embrassons
Flor Sophie et moi
Merci à tous les 3, des gros bisouxxxx !!!!! et plein d’amour aussi, ca fait du bien 😉
1) la peur ne sert à rien (surtout à notre « échelle ») => ça ne change rien à la situation et ça ne fait que nous empêcher de vivre
2) on ne choisit ni sa mort si la date de sa mort => partant de là, à quoi bon s’en faire?!
3) quand son heure est venue on y coupe pas => se cacher chez soit n’y changera rien!
4) avoir peur et/ou changer son mode de vie en fonction de sa peur c’est donner aux terroristes (si la peur vient d’eux) ce qu’ils veulent => c’est donc bien la dernière chose à faire (car c’est leur montrer qu’ils ont raison d’agir ainsi)!
je crois qu’on est d’accord, jean 🙂 Merci en tout cas de partager ton avis et ton point de vue !
Des bisouxxx
De rien, ça « vaut ce que ça vaut », mais personnellement je pense qu’il faut arrêter de vivre en fonction du « baromètre médiatique », car au final c’est surtout les médias qui font monter la sauce (sur quelque sujet que ce soit).
je vois que l’humain se croit supérieur au reste de la « création » , que ce soit les autres espèces animales, végétales, la panète, etc..
que l’humain catégorise, décide de ce qui est valable ou pas, et bien souvent à part sa gueule, à part son contentement immédiat, y a pas grand chose d’autre qui vaut le coup
je dis juste que oui, c’est clair que c’est violent ces attentats, non je ne les cautionne pas, mais je ne comprends pas pourquoi tant de gens d’un coup se réveillent et crient à l’assassinat des libertés alors qu’ils laissent faire les 90% autres assassinats silencieux
je dis juste que, en quoi c’est superficiel l’homophobie toujours présente, le racisme toujours présent, en quoi c’est moins important ? parce que l’homophobie, c’est pas que la génération d’avant, de ce que j’ai vu y avait pas que des gens de 50 piges et plus aux manif contre le mariage pour tous
de ce que je vois, y a pas que des gens de 50 ans et plus qui se réjouissent que marine et marion passent au pouvoir
je dis juste que la mort est présente, partout, tout le temps, sans la mort pas de vie
je dis juste que la violence aussi est présente, beaucoup, et qu’elle est tout aussi meurtrière quand elle est discrète et quotidienne
je dis juste que face à la peur de la mort, partir en guerre la fleur au fusil c’est juste continuer un peu plus l’engrenage
je dis juste que face à la peur de la mort pour moi il n’y a qu’une chose à faire, respirer, inspir après expir, et me reconnecter à mon corps, au Monde, le Monde avec un grand M, pas le petit monde des hommes, le monde qui englobe tout, y compris la mort, me reconnecter au temps présent, quitter les rails des projections humaines pour revenir juste à la pulsation de vie, celle que je sens dans mes tempes quand je cours, celle que je sens quand je regarde une fleur pousser, quand je m’assois à la terrasse d’un café et que je regarde mes congénères humains, revenir au présent, juste au présent.
Charlie, je ne te « connais » pas depuis longtemps (juste internet et FB)! Ce que tu as écris ci-dessus est assez émouvant pour moi et je ne comprends pas ceux ou celles qui ne « comprennent » pas. Mais le monde et les gens sont comme ça. Chacun ses idées, envies, idées, etc. L’homme quoi (je veux dire HOMME = femmes et hommes = humanité)!! Bizz