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Cacher, revendiquer ou assumer sa sexualité, mais le reste aussi, voilà grosso modo les 3 voies possibles pour gérer nos choix. Si vous observez bien vos vies, qu’il s’agisse de sexualité, de carrière, de passion, de convictions ou de quoi que ce soit, ça se résume chaque fois à un de ces trois choix. La chamane taoïste en moi vous dirait YIN / YANG ou TAO (Taijitu). La guerrière pacifique parlerait d’apitoiement passif (larme), apitoiement actif (colère) ou harmonie.

C’est grâce au livre d’Adeline Lafouine (je vous en parle bientôt) qui relate l’histoire de son « outting » que j’ai trouvé la motivation pour écrire cet article témoignage sur assumer sa sexualité (ou pas). En lisant la première partie du livre « FAIS LE BIEN ET LAISSE DIRE » et en voyant les drames que sa peur engendrait, je me suis dit qu’il était urgent de mettre les pieds dans le plat et de vous donner quelques pistes de réflexion.

Certain.e.s vont croire que je vis dans le pays des bisounours, c’est pas grave. Je n’ai pas la vérité et mon témoignage n’a qu’un but : vous dire que oui, c’est possible d’assumer sa sexualité et que oui, ça peut parfois très bien se passer, même si, comme pour tout, il y a un prix à payer !

Cacher, revendiquer ou assumer sa sexualité, mon témoignage.

Pourquoi est-ce que le livre d’Adeline Lafouine m’a remotivée ? Parce que les choses auraient été très différentes si la miss, au début de ses problèmes, avait pu assumer ses choix de vie, plutôt que de tenter de (se) nier. Je ne dis pas que ça aurait été plus facile ou tout rose, mais ça aurait été différent, c’est certain.

De par ma propre expérience, mes conflits internes et relationnels, tout devient plus simple quand on assume ses choix. Plus simple ne voulant pas dire plus facile, bien au contraire. Mais là où la facilité apporte des bénéfices sur le court terme, la simplicité véhicule une sérénité indispensable pour le bien-être à long terme.

Bien sûr, ce n’est que mon point de vue relatif à mon expérience personnelle. Après, libre à vous de gérer en fonction de vos peurs, votre culpabilité et votre apitoiement du moment. Mais libre à vous également d’évoluer ! Et à ce titre, l’expérience et l’évolution dans l’attitude d’Adeline Lafouine en est un parfait exemple.

Qu’on décide de cacher, de revendiquer ou d’assumer sa sexualité (ou tout autre choix), il y a forcément des conséquences à nos choix. Mais lesquelles ? Petit aperçu des différentes voies possibles, ce qu’elles impliquent et leurs conséquences.

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Cacher sa sexualité, sa vie. La voie de l’autruche

La 1ère voie possible, celle qui semble la plus évidente de prime abord, c’est la voie de l’autruche. Autrement dit, on décide de cacher ce qu’on fait. En effet notre intimité ne regarde absolument personne. Donc, autant le garder planqué.

On n’en parle pas mais on va même plus loin. C’est-à-dire que si notre interlocuteur met le sujet sur la table, on va soit ne rien dire, soit carrément mentir, histoire de détourner ses soupçons et d’être certain qu’il ne découvre pas le pot aux roses !

Et si on va au bout de cette stratégie, si l’autre nous « démasque », on va tenter de nier, de mentir grossièrement en criant haut et fort à l’injustice car Noooon, ce n’est paaaas du tout vrai ! C’est un peu ce qui est arrivé à Adeline Lafouine, au moment où ses activités libertines ont été rendues publiques bien malgré elle. Elle a tenté de le nier. Deux fois. Parce qu’elle avait peur pour son fils, pour sa réputation, pour son entourage. Elle a fait comme elle a pu, quand soudainement, sa vie intime a été balancée sur la place publique.

La 1ere réaction est une réaction de survie : NIER. Mais ça n’a pas été très efficace… Et ça lui a gâché la vie sacrément !

J’ai moi aussi emprunté la voie de l’autruche, au début où j’ai commencé la webcam. C’est bien souvent notre 1ère réaction, celle qui semble la plus simple et la plus évidente. Bon, comme je suis un peu blonde, je n’ai jamais masqué mon visage car je partais du principe que si on me trouvait, c’est qu’on m’avait cherché. Mais par contre, quand ma famille, mes amis, me demandaient comment se passait le boulot, ce que je faisais en ce moment, je mentais. J’inventais n’importe quoi car c’était inimaginable de leur dire que dorénavant, je gagnais ma vie en faisant des show porn en webcam ! Plutôt mourir !

Derrière le secret se cache la honte…

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Et c’est là que le bât blesse. Car derrière cette volonté farouche de cacher se trouve la honte et la peur. La peur qu’on découvre notre sale petit secret. Car même si on aime ce qu’on fait, en secret, si les autres le savaient, ils nous mépriseraient, ils nous conspueraient et nous renieraient !

Donc même si on n’a pas honte, en faisant le choix de cacher à tout prix, on valide la morale, on fait le jeu du tabou et au final, on continue à générer de la honte et du mépris sur cette activité qu’on aime tant, et sur nous-mêmes, au passage !

On se renie soi-même, on préfère jouer à être ce qu’on n’est pas pour ne surtout pas sortir du cadre moral et de la normalité. Mmmm, que de joies et de bonheur en perspective !

Et puis, comme on a peur que notre secret soit découvert, on génère de la tension. Car ça demande une énergie folle de cacher. Sans développer le sujet plus que ça, je peux vous assurer, pour l’avoir testé, qu’énergétiquement le secret, QUEL QU’IL SOIT, est un sacré plomb. En effet, on doit masquer en permanence une partie de nous et surveiller que personne ne s’approche de près ou de loin de notre sale petit secret !

Tout finit toujours par se savoir…

Encore plus s’il y a des traces sur internet. Donc toute cette énergie déployée pour masquer notre petit secret, au final, sera dépensée en vain car un jour, ça se saura. Et ce jour-là, ça risque de mal se passer car toute la tension générée par la peur qu’on découvre notre double vie se transformera en agressivité. Si en plus on nie en bloc alors que le secret est clairement percé à jour, là on peut être sûr que ce qu’on redoutait le plus arrivera : le jugement, le mépris, et le désamour. Car les gens détestent être pris pour des cons… C’est ce que les gamins des quartiers de Marseille m’ont appris quand je leur ai dit ce que je faisais « Ok on accepte, parce que t’assumes grave ».

En gros, cacher ses choix et orientations sexuelles ou autres permet d’auto-valider la croyance que le monde n’est pas prêt pour ça et qu’il vaut mieux vivre caché car si ça se sait, ça se passe forcément mal. Voui, certes… Mais peut-être que notre peur d’être démasqué, notre honte déguisée, y sont pour quelque chose, non ?

Revendiquer sa sexualité, la voie du militant

On peut aussi choisir la direction totalement opposée, celle de la revendication. On est tellement fier de nos choix de vie qu’on les expose en permanence aux yeux de tous, comme un drapeau. On veut même faire comprendre aux autres à quel point nos choix sont les meilleurs, et on tente de les convaincre, on est des militants, on se bat pour une cause ! C’est plutôt cool, me direz-vous !

On devient un pourfendeur de préjugés et on oeuvre pour plus de tolérance et de liberté. Sauf que bien souvent, on finit par devenir des militants bêtes et méchants, qui cherchent à convertir le monde entier à leur cause. Avec un petit côté méprisant pour tous ceux qui ont fait des choix différents.

Et puis, si par exemple on est adepte du gang bang, se balader H24 avec un T-Shirt qui dit : « J’adore me faire baiser par plusieurs mecs à la fois », ben ça peut causer quelques problèmes. Pareil, raconter mes show webcam à un repas de famille avec Mémé Gertrude et tonton Gérard, la petite nièce de 9 ans et le beau-frère coincé du cul, y a mieux comme idée.

Qui sème le vent…

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Revendication vient de vindication, qui signifie revendication, réclamation, mais aussi réclamer en justice et vengeance. Celui qui revendique se met automatiquement dans une certaine forme d’agressivité. Il veut tellement défendre sa cause qu’il impose son point de vue et ses choix à tout le monde, même ceux qui n’ont rien demandé.

Alors si on revendique de manger bio, on va forcément se prendre le bec avec ceux qui estiment que le bio n’existe pas, que le bio est une arnaque, etc… Comme en général on ne se contente pas d’expliquer pourquoi on mange bio mais qu’on veut convaincre l’autre, ça finit en discussion stérile voire en engueulade. Ca prend du temps, de l’énergie, et chacun reste campé sur ses positions.

Si on revendique d’aimer les gang bangs, d’avoir une sexualité différente, on va se choper tous les réacs de la terre, tous les défenseurs de la morale. Et ça risque d’être un peu plus agressif que le débat autour du bio !

C’est pas de baba irresponsable qu’on va nous traiter, mais de salope, de grosse pute ou de dégénéré.e. Sans parler de ceux qui se diront que ma foi, si t’aimes les gang bang, c’est open bar pour te baiser là de suite. « Allez, dis pas non, ma grosse salope, je sais que t’en crève d’envie ! ». Déjà qu’i.el.ls y arrivent quand on est en jogging plein de transpiration, là je vous dis pas !

En gros, notre drapeau flamboyant devient une cible bien alléchante. Alors si on aime la castagne et se prendre le bec en permanence, c’est un bon choix. Si on aime s’apitoyer sur son sort en pleurant que le monde est trop trop méchant, c’est également un choix fort judicieux. Si on a simplement envie de vivre sa vie sans passer son temps à se battre, il y a mieux…

Au final, même pour amener les gens à être un peu différent, il y a plus efficace que leur asséner nos jugements et croyances en leur disant que leur manière de penser, de baiser, de manger est vraiment naze.

Assumer sa sexualité, la troisième voie

Il existe une troisième voie, à mi-chemin entre cacher et revendiquer. C’est celle de simplement assumer ce qu’on fait et ce qu’on est. Sans avoir peur que ce soit découvert, mais sans non plus chercher à le crier à voix haute pour convaincre la terre entière que ce qu’on fait est bien !

C’est vrai que dire à Mémé Monique qu’on aime bien être baisée par 3 mecs minimum, ça n’a pas un grand intérêt, mis à part celui de choquer. D’ailleurs ma mémé, qui s’appelle pas Monique, ne sait pas que je fais de la cam. Je crois qu’elle ne comprendrait même pas le concept vu comme elle a eu du mal déjà avec les skype pendant le confinement. Par contre, ma famille proche est au courant et mes amis aussi.

Quand je postule pour vendre sur le marché, c’est ma sortie sociale de la semaine, je raconte pas non plus que je fais de la cam, car ça n’a rien à voir avec la choucroute. Mais quand ma collègue, qui est fan de Lovin Fun, m’a dit : Oh putain, mais c’est toi la Charlie qui lit des histoires érotiques sur Fun Radio ?! Ben je lui ai dit oui, avec un grand sourire ! Et du coup, loin d’être choquée ou de changer d’attitude, elle m’a dit qu’elle était fan et qu’elle adorait ce que je faisais et m’a même proposé de faire des soirées sextoys !

Sans tension, la vie est plus belle

Au final, cette voie est la plus souple, car on se libère de la peur d’être découvert, on se décharge du poids de la revendication, on vit simplement notre vie. Et bien souvent, quand ce qu’on fait est « découvert », tout se passe bien car il n’y a ni honte, ni peur, ni drame.

En tout cas, pour moi ça s’est toujours bien passé, alors que sur le papier, ça aurait pu très mal se passer ! Quand les ados à qui je donnais des cours de théâtre ont découvert ma chaîne pornhub, normalement ça aurait dû mal se passer. Mais au final, on en a discuté, avec eux et avec l’asso qui m’employait, et ça s’est super bien passé. Ça a même permis de trouver enfin une relation de confiance entre nous (c’était un groupe pas facile).

Une voie simple, mais pas forcément facile

Alors attention, c’est la voie la plus simple, mais ce n’est pas forcément la voie la plus facile. Car elle implique deux choses : assumer ses choix, sans honte ni remords, mais accepter également les conséquences de nos choix. Et surtout, ne pas chercher la validation de qui que ce soit !

Sur le long terme, c’est le chemin qui amène le plus de sérénité et de simplicité dans nos vies. C’est aussi une voie qui permet de grandir et d’évoluer, car elle nous oblige à nous mettre au clair avec nos choix. Est-ce que je les assume à 100% ? Ou reste-il de la honte ou de la culpabilité ? Est-ce que j’accepte aussi les conséquences liées à mes choix ? En somme, est-ce que je prends la totale responsabilité de mes actes ?

Assumer la totale responsabilité de ses actes

On ne peut pas prévoir la totalité de ce qui découle de nos choix de vie, que ce soit en matière de sexe ou de quoi que ce soit d’autre. Mais il faut être conscient que chacun de nos choix implique des conséquences.

Pour reprendre mon exemple, j’étais prête, quand les ados ont découvert ma chaîne pornhub, à me faire virer. J’aurais trouvé ça naze, mais c’est le jeu et ça peut arriver. Je sais que si un jour l’envie étrange me prend de me lancer en politique (rassurez-vous, c’est pas dans mes projets), évidemment qu’on me ressortira le fait que j’ai été camgirl. A moi d’assumer et de prendre les devants. Finalement, ça peut aussi être une force, non ?

Quand j’ai annoncé à ma famille ce que je faisais, je savais que ça n’allait pas forcément bien se passer. Mais honnêtement, mentir en permanence et me nier me coûtait bien plus que d’assumer mes choix. Avec mon père, ça ne s’est pas très bien passé. Mais soyons honnêtes, ça se passait déjà mal, quelle que soit ma profession. Au final, ça m’a permis d’avoir enfin une discussion de fond. Mais il m’a fallu faire le deuil de la volonté farouche d’être aimée de mon papounet.

D’ailleurs, si on est aimé en fonction de ce qu’on fait, et non de ce qu’on est, est-ce vraiment de l’amour ? Pour ceux qui veulent en savoir plus, courez lire cet article sur l’amour inconditionnel !

Le prix à payer, quand on choisit d’assumer ? C’est de renoncer à la validation des autres. C’est d’accepter de sortir du cadre, de la normalité. C’est d’accepter que certaines personnes ne comprendront pas, et nous jugeront. Mais vu qu’on ne cherche ni l’amour ni la validation des autres, qu’importe leur jugement ?

Le cadeau bonus, c’est de se donner sa propre reconnaissance. C’est celui de s’aimer, enfin, sans se soucier de ce que pense l’autre de nous. C’est de vivre libre et sans peur, car on est d’accord avec ce qu’on fait, et on accepte toutes les conséquences de nos choix.

C’est pas facile, je le répète, il y aura des moments de houle. Mais au final, quelle liberté !

Alors quel que soit votre choix du moment, rappelez-vous que dans les trois cas, ce n’est que la gestion de nos peurs. On se cache et on se refoule pour ne pas les affronter. On revendique et on grogne pour transformer le monde à son image et en finir avec nos peurs. Ou, simplement, on accepte de ne pas être parfait.e, de ne pas plaire à tous. On accepte d’avoir peur, on assume d’être fragile, faible, mécréant.e et non conforme et on se rappelle que c’est aussi ça, être un Être Humain. Gérer ses peurs …

Liens et infos

  • Fais le bien, et laisse dire – livre témoignage d’Adeline Lafouine aux éditions TABOU
  • Ne dis pas que tu aimes ça – livre témoignage de Céline Tran
  • Assumer sa bisexualité pour un homme sur MASCULIN
  • Assumer sa sexualité les « conseils » de Cosmopolitan (ouais je sais)
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Cet article a 2 commentaires

  1. Hugo

    Bravo et merci !
    Cet article extrêmement bien construit m’aide dans ma quête de la confiance en moi. Je trouve d’ailleurs que le fond de l’article s’émancipe du sujet de base pour construire un principe de vie vertueuse qui il me semble peut mener au bonheur.

    1. Charlie

      Oh et ben merci de ton commentaire !
      Et oui, effectivement, le point de départ c’est la sexualité, mais ca peut s’appliquer à tous les domaines de nos vies. C’est un choix essentiel qui détermine, je crois, l’attitude qu’on a face à sa vie, à ses choix, et à l’importance qu’on donne au regard de l’autre.

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