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Du sexe encore du sexe toujours du sexe
Le titre est alléchant, non ? Et bien non ! Et oui aujourd’hui on va parler de sexe mais on ne va pas en montrer, en fait on ne va même pas parler de sexe mais de ce qu’il y a autour, devant et derrière le sexe médiatique. Le sexe qu’on voudrait nous faire vivre, pratiquer, rechercher, on va parler de cette course au plaisir absolu ou cette fuite absolue du déplaisir. Ha ben de suite ça devient plus sérieux et moins jouissif.
L’article est pret depuis un moment mais j’attendais … et puis Emma Gauthier (ref à la fin) m’a décidé à le faire paraitre … merci à elle.
Le sexe, le plaisir, quête ultime d’un monde sur le déclin ?
Je sais que les propos que je vais tenir ne devraient pas être sur le blog d’une camgirl, je sais que la plupart d’entre vous veulent du cul encore du cul que du cul, je sais aussi que mon propos est forcément déformé par ma propre perception de la réalité.
Le fait d’avoir un fil twitter avec 95% de femmes super bombasses en train de partouzer avec les plus belles teub de la planète a une, légère, influence sur ma vision du monde – tous les matins par exemple j’espère un passage un peu plus torride de ma factrice (charmante), quand les deux gars d’Edf sont passés la semaine dernière, insidieusement ma réflexion intérieure m’a amené à imaginer un plan à quatre, en bref ça déforme… un peu – mais heureusement j’ai un autre métier à côté qui m’amène à côtoyer des gens malades, souffrant de soucis de santé lourds voir très lourds, finalement ça allège un peu mon existence 🙂
Mais dans les deux cas je suis en relation avec des humains,
les intervenants du monde pour « adultes » sont aussi des humains, pas seulement des bites, des chattes, des anus, des smileys, des zoom, champ et contre champ, des fournisseurs de silicone et autres sculptures plus ou moins phalliques …
Tout comme les malades, séropositifs, schyzophrènes, leucémiques, pré ou post cancer, insomniaques, rhumatisants, arthritiques et autres sont des humains avant d’être des pathologies
Des humains donc qui ont en commun une recherche frénétique du plaisir, de la jouissance maximale pour un effort minimal, et encore plus une peur et une fuite du déplaisir, de la souffrance.
Hédonisme & Epicurisme
Dans les deux cas cette quête / fuite les lance à cœur et à corps perdu vers le mur de la déception, le mur de la frustration et donc du déplaisir.
Même si à priori (les à priori sont très souvent dangereux) cette quête du plaisir absolu semble légitime, naturelle, elle n’est qu’une quête abstraite et ne peut être viable que si l’aspect dématérialisé est pris en compte.
La recherche Hédoniste du plaisir maximal est un vœu pieux de « philosophe en jupette » (film 300).
Tout comme la fuite du déplaisir des épicuriens est la matérialisation d’une peur viscérale de la mort.
J’emploie le terme de viscéral à dessein car les animaux n’ont pas peur de la mort, leur instinct leur fait éviter le danger, les fait se protéger, mais n’engendre pas pour autant de la peur. Un chat, un cheval, une vache, un chien, un hamster ou un poisson rouge, je ne parle que des animaux que j’ai pu longuement observer, ne manifeste aucune crainte au moment de mourir, très souvent il s’isole, se met dans un « trou » et attend que l’heure vienne, il n’y a pas de peur liée à sa finitude.
Ces deux courants majeurs de la pensée, de la vie occidentale se ressentent très fortement dans le monde du loisir pour adultes comme dans le monde du « malade » et conduisent la population de ces deux mondes, hélas parfois entremêlés, à une impasse accompagnée de frustration à plus ou moins long terme.
La quête vaine de l’orgasme absolu
La recherche du plaisir maximal dans le sexe, c’est celle qui permet à des boîtes comme fun factory, lelo et autres pipedream de nous vendre des « ceci est une révolution » tous les mois. C’est cette pensée qui alimente les boutiques en ligne, les blog de testeurs, les réseaux sociaux, les sites de cam et autres types de média (petits ou grands) en contenu affriolant, en tutoriaux « comment devenir une femme fontaine », « comment bien sucer », comment faire accepter une tarte dans la gueule à votre conjoint, chaque fois sous prétexte de prendre encore plus de plaisir.
Oui mais voilà, une fois que vous avez salopé vos draps 10 fois, que vous vous êtes assis sur une bite d’amarrage ou que vous avez fessé votre conjoint jusqu’au sang, que reste t-il, que faire de plus, que découvrir pour continuer à alimenter cette quête de la jouissance immédiate ?
La recherche initiale des hédonistes n’était pas axée uniquement sur la matière et encore moins sur le sexe, leur recherche prenait en compte l’aspect intérieur, la partie subtile du monde, le ressenti. Ce ressenti qui n’est pas uniquement en lien avec ce que ressent le corps mais aussi ce que ressent l’Esprit, le Coeur, la totalité de nous même…
Une question : Quand avez-vous entendu parler d’esprit, de ressenti profond, de spiritualité (soyons fou) la dernière fois dans le monde du cul ? Quelle est la dernière fois où vous avez entendu parler de spiritualité dans le monde du cul ?
Perso ce que je vois, ce que je côtoie, je ne dis pas qu’il n’y a que ça, juste que c’est l’écrasante majorité, me semble plus être une gigantesque course vers celui qui mouille le plus qu’autre chose.
Je dis ça mais pour fréquenter le milieu spiritualiste la dernière fois qu’ils ont du parler cul simplement ca doit remonter à la conception ou lors d’un stage sur le tantrisme – la super excuse pour niquer dans tout les sens version mystique très souvent
Fuir le déplaisir coûte que coûte
Nous serions tentés par réaction de fuir vers l’épicurisme qui ne cherche pas le plaisir mais fuit le déplaisir en s’axant vers des choses simples & naturelles … Encore une fois si nous enlevons l’abstrait et que nous nous focalisons sur la pratique, sur la forme plus que sur le fond, on tombe dans du n’importe quoi :
Revenons à l’état naturel, laissons pousser les poils sur nos gambettes, avoir des pubis dignes de l’amazonie, sentir le camembert de dessous les bras grâce à une pilosité naturellement abondante sous prétexte que l’épilation ou le rasage ça fait bobo, arrêtons aussi de faire du sport parce que aïe j’ai des abdominaux, fini la première sodomie qui est souvent maladroite et déplaisante (pas forcément douloureuse d’ailleurs) et puis ben ne faisons plus de première fois parce que la rupture de l’hymen peut être douloureuse et allons jusqu’au bout arrêtons de faire des enfants l’accouchement étant tout sauf le moment où on se marre le plus dans la vie …
Revenons au pur esprit et à la contemplation du grand « Toux » … perso je suis pas convaincu.
Le sexe adulte ça serait quoi ?
On va revenir sur la base déjà, le sexe tel que nous le pratiquons, tel que nous l’envisageons est très très très loin de sa vocation matérialiste première, à savoir la reproduction de l’espèce … Je suis pas sûr que la masturbation, la sodomie, le fétichisme des pieds ou autres, le bdsm, le pegging et autres fisting aient un impact majeur sur la reproduction du genre homo sapiens (homme sage étymologiquement parlant).
Par contre il garde en lui les impacts physiologiques de fabrication de sérotonine, ocytocine, endorphine et autres générant des changements dans nos états émotionnel, physique et mentaux, de par le fait des changements qui se répercutent dans notre perception du monde donc dans ce que nous appelons le réel.
Je ne vais pas détailler là maintenant mais pour ceux que ça intéresse, regardez les travaux de Reich, Castaneda, Schrödinger, sur la perception du réel et plus récemment les études faites en neuro science (A Delorme, P. Girard etc ) et autres sciences cognitives ou thérapie du comportement pour comprendre à quel point notre état intérieur influe, modifie voir change la perception que nous avons du « réel ».
A titre d’exemple, ce que nous voyons, ce que nous rêvons ou ce que nous imaginons « éclaire » la même zone du cerveau, pour lui voir / rêver ou imaginer c’est kif kif bourricot – ça existe parce que je l’ai imaginé (B. Vian) prend tout son sens
Si vous, vous ne le faites pas, rassurez vous les grands groupes dirigeant les mass média eux suivent de très près ces recherches 🙂
Revenons à notre propos, donc :
Puisque nous n’utilisons plus le sexe pour ses fins premières, matérialistes,
pourquoi ne l’utiliserions nous pas pour changer notre état intérieur et donc notre réalité ?
Mais pour cela il faudrait prendre vraiment en compte l’aspect abstrait du sexe, s’autoriser à le vivre sous cet autre aspect, celui d’une pratique de rencontre avec soi « m’aime ».
Je vous ai parlé beaucoup de sexe mais
Le deuxième mot est important : ad-ulte
Adulte ce n’est pas une qualité qui s’obtient de facto à 18 ans, ou à 21 ans selon les pays, toute personne de plus de 21 ans sait ça. Adulte vient de ad ultima, vers l’ultime, vers la fin, je vous laisse faire la suite, au cas où, et comme ça je satisfais mon besoin d’étalage de confiote et mon goût immodéré à mettre les points sur les i, ad ultima, vers la fin, vers la mort donc.
Etre adulte, accepter, accepter vraiment ce qui va advenir, à savoir le fait que nous allons mourir, je précise bien que savoir qu’on va mourir n’a jamais impliqué le fait de l’accepter, je sais que je dois payer mes PV, je ne l’accepte que très moyennement pour prendre un exemple léger.
Que vient foutre la mort avec le sexe ? … oh ben on appelle juste l’orgasme (qui n’est pas l’éjaculation masculine ou féminine) la petite mort … ce moment où tout disparaît ne serait-ce que 5 secondes (temps moyen du coït masculin), ce moment d’abandon complet où votre personnalité disparaît, où le contrôle permanent qui fait de vous la personna que vous êtes se dissout dans quelque chose de plus vaste.
Adulte dans le sexe, adulte dans la maladie…
Adulte c’est simplement accepter les limites, accepter la fin, accepter les contraintes, contraintes intérieures et extérieures (notre anus a une limite maximum, si si).
J’ai souvent lu dans des forums dédiés au plaisir prostatique ou autres des fuites de plaisir, c’est à dire des périodes où après un maximum de plaisir plus aucun plaisir n’est perçu (pas ressenti, perçu, encore deux choses différentes), ce qui plonge le pratiquant dans le doute, la crainte et une recherche encore plus effrénée dans cette pratique dans laquelle il se reconnaissait (egotiquement parlant), dans laquelle il prenait son pied, sa dose, un peu comme le sportif qui, s’il se casse une jambe, tombe dans un état d’apathie dramatique, comme le gros bosseur qui lors d’une maladie ne peut plus faire ce qu’il faisait avant et ressentir l’excitation due au stress, un peu comme le toxico sans sa dose …
Etre adulte c’est donc accepter la Fin.
Que tout a une fin, y compris les plaisirs liés au sexe, c’est accepter ce qui est perçu comme un échec et finalement c’est accepter de se détacher, sans l’abandonner, de ce qui ne nous est plus utile en temps et en heure.
La personne dont je parlais plus haut, effrayée de ne plus percevoir de plaisir prostatique, n’a à aucun moment envisagé l’idée qu’il fallait qu’elle passe à autre chose. A aucun moment elle n’a accepté l’idée que cette période là de sa vie était en ce moment finie, ça n’implique pas qu’elle n’y aura plus jamais accès, juste qu’en ce moment ce n’est plus d’actualité, ça ne lui est plus nécessaire, qu’elle doit vivre autre chose, découvrir ou redécouvrir d’autres facettes de sa sexualité.
C’est le drame de cette course à l’orgasme, au plaisir à tout prix, nous en oublions de revenir aux choses simples, à la base. La base de la relation sexuelle ce n’est pas le plaisir mais la mise en relation.
Même à travers la masturbation vous faites une rencontre, vous rentrez en relation. Avec qui ? Mais vous même pardi ! Avec vos fantasmes, votre imaginaire, vos pulsions, votre propre auto satisfaction. L’acte masturbatoire, en plus de vider un trop plein, est aussi une manière de se relier à soi même.
La relation sexuelle est une des voies royales du « développement personnel » – je n’aime pas le terme mais bon – si elle est dénuée de comparaison, de compétition mais se fait simplement, mot très important, fluctuant au gré de notre évolution globale, elle peut nous aider à nous révéler à nous même des pans entiers que le conditionnement, l’éducation et autres supports de croyance bloquent. Nul besoin est de Tout faire
« Comment ! tu ne te touches pas la prostate tous les matins, t’es trop naze » « Diantre ma chère ! vous ne squirtez point, olalala quelle paysanne » « Bon on se retrouve au fucking blue boys samedi soir pour la soirée libertine ? Tu ne viens pas ! Tu n’es pas libertin(e) … mais pourquoi te parlais-je ? » « tu sais ma p’tite, tant que tu n’as pas connu les plaisirs d’être attachée pendant deux heures sur un carrelage glacial en te faisant fouetter le postérieur tout en engloutissant des litres de sperme, tu n’as rien connu »
Ben non, si ce n’est pas dans votre champ de vie, champ de fantasme, vous n’en avez pas ou plus besoin, vous forcer à faire, ou continuer à faire, n’engendrera que des soucis que vous n’aviez pas avant.
Pour info j’ai été apprenti « libertin », je me suis assidûment touché la prostate, j’ai eu un léger passage SM et pour le squirt, dame nature ne me permet pas cette option 😉
Le Sexe Adulte : Accepter les changements
Le sexe adulte c’est accepter le sexe qui change, c’est accepter que votre service trois pièce soit un peu mou du genou à 45 ans, c’est accepter que bon, même si c’est riche en protéines et sels minéraux, les éjaculations buccales au bout d’un moment ça ballonne, c’est accepter de faire des films de cul et de ne plus en faire parce qu’on a fait le tour (et un cul c’est pas hyper large quand même), c’est accepter de ne plus être libertin pratiquant juste parce qu’en ce moment vous n’avez pas le temps ou pas l’envie.
En gros le sexe adulte c’est arrêter de s’identifier à une étiquette, à une pratique qu’elle quelle soit.
C’est ne plus s’identifier, avoir besoin d’une quête pour revenir à sa propre vérité qui est très simple, est-ce que ça nourrit ma personnalité, l’image que j’ai de moi même, ou est-ce que ça nourrit ce que je suis au plus profond ?
Cette approche est très bien décrite par un des grands pères – désolé John – du divertissement pour adultes, à savoir John B. Root dans son livre « Le pornographe et le gourou » à travers deux passages :
Quand il fait s’interroger Valentin, le héros, sur qui il est : suis-je ma boîte de prod ? Suis-je ma bite ? Suis-je mon compte en banque ? Ma maison ? Les femmes à qui j’ai donné du plaisir ?
Et à la toute fin quand il fait dire à la sublime Nikita Bellucci : « Pourquoi ça ne peut pas être spirituel une double pénétration ? » – c’est vrai ça, pourquoi ?
Ref :
Ema Gauthier chroniqueuse sur le blog de Lelo, auteur d’un article que je trouve très bien fait (et d’autres articles) autour du nombre de rapport idéaux