Scénario porno. Entre culture du viol & marchandisation

  • Dernière modification de la publication :26 novembre 2024
  • Post category:Culture érotique
  • Temps de lecture :17 min de lecture

Pour chaque vidéo de cul, on aime bien faire un mini scénario porno et je me suis aperçue que spontanément on balance entre la culture du viol et la culture marchande. Culture du viol, le mec ou la meuf force l’autre à s’incliner devant lui – elle. Culture marchande : un des protagonistes transforme son corps, ou le corps de l’autre, en objet qu’il va troquer contre un service ou un objet.

Le pire c’est que ces deux orientations viennent spontanément. Soit le corps et la personne sont forcés. Soit le corps et la personne sont achetables, échangeables. En somme, c’est pas du tout spontané de trouver un scénario porno qui ne rentre pas dans une de ces deux cases.

Attention, n’y voyez pas quelque chose de moral, je constate juste à quel point notre imaginaire érotique et pornographique (mais pas seulement) est imprégné en profondeur par ces deux valeurs : soumettre l’autre ou acheter l’autre.

Nos vies ne se résument-elles qu’à ça ou d’autres scénarios, d’autres imaginaires sont-ils possibles ? Allez, on va essayer d’explorer tout ça et d’ouvrir sur des possibles alternatifs. Peut-être qu’à force de les imaginer, on finira par les créer, non ?

Scénario porno. Entre culture du viol et marchandisation du corps

Pour changer il faut faire un état des lieux, c’est pas le moment le plus sympa mais il est indispensable de faire ce bilan pour envisager autre chose. Perso ce constat m’a sauté aux yeux il n’y a pas très longtemps. Je savais que ces deux concepts, culture du viol et marchandisation du corps, étaient prégnants dans notre imaginaire. Je le savais, j’en parle dans l’article « vendre sa nudité, où est le souci » mais je n’avais pas capté à quel point ils avaient tout envahi.

On réfléchissait sur le scénario porno de l’auto-stoppeuse avec Brown Sugar et mon âme damnée à forte pilosité maxillaire quand ça m’a sauté au visage.

Le premier jet c’était : ils te prennent en stop et abusent de toi. Ouais, ok, donc 100 % culture du viol, du coup : warning, red alarm, on fait pas. Bon ok, alors du coup c’est moi qui les prend en stop mais je les fais payer en liquide… Super, on bascule sur la marchandisation du corps.

Même si, en apparence, c’est moins pire, c’est quand même une grosse réduction de l’autre. L’être vivant disparaît et il est substitué par un objet – service monnayable. On est sur du troc entre prestations de service. Vous voulez un service, je peux vous l’offrir (vous emmener en voiture) mais vous devez me donner quelque chose en échange (vos corps de rêve). Le caractère sexuel rapproche ça à de l’escorting.

Bien sûr l’auto-stoppeur a le droit de refuser de payer de sa personne (1) mais il va rester sur le bord de la route, peuchère. Mais il y a quand même dans ce type de marchandisation un rapport de domination. Soit tu payes, soit tu restes en rade sous la flotte et dans le froid.

Métaphoriquement, c’est le même rapport que dans nos vies quotidiennes. On peut ne pas aller travailler et accepter de vivre sans argent, on peut le faire, m’enfin la vie va devenir un peu plus âpre…

(1) Je vais même pas parler du conditionnement socio-culturel qui va « obliger » un homme à s’interdire de se refuser à une femme (surtout aussi canon que moi).

Donc c’était pas terrible, soit le corps se vend, soit le corps se prend et on a eu beaucoup de mal à trouver d’autres alternatives pour ce scénario porno.

(lien vers la vidéo)

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Viol, marchandisation et autres chosificationS, un standard de l’érotisme.

Il faut bien comprendre que le rapport d’influence entre « l’art » et le quotidien est à double sens. L’art, roman, film, musique ou autre, influence le quotidien mais la réciproque est aussi vraie, surtout dans une industrie du divertissement mercantile comme la pornographie.

Hélas, l’époque où l’érotisme et le porno étaient révolutionnaires, libres et où ils voulaient transgresser des normes est révolue depuis un moment.

Vu comment on a galéré pour trouver des idées où le corps n’était pas plus ou moins contraint, j’ai eu envie d’aller voir de mes propres yeux les vidéos porno en tête sur les tubes. Ok, c’est effarant.

On est sur de la contrainte, du viol quoi, avec un rapport plus ou moins incestueux et plus ou moins pédo ; La belle mère, le beau père, la demi-sœur, le demi-frère, la jeune étudiant.e, la ou le jeune marié.e et tous les bidouillages qui existent malheureusement dans la vie quotidienne.

Ou alors sur de la marchandisation ; L’auto-stoppeuse, la livreuse de pizza, le-la réparatrice et le vendeur ou la vendeuse en tout genre.

C’est valable pour le scénario porno d’un film mais c’est aussi valable pour tout ce qui touche la littérature érotique. 10 ans à lire entre 1 et 2 livres érotiques par mois me permettent de dire qu’on retrouve exactement les mêmes sujets.

PODCAST érotique autour du sujet

Une lecture érotique autour de la marchandisation du corps et un podcast porno sur le viol et la coercition. A RE ECOUTER (ou lire) « les vices de Camille » aux éditions MEDIA1000 – La musardine.

Je remets mon bémol anti morale : je ne dis pas que je n’aime pas ce genre d’histoires mais juste que c’est une grande majorité des histoires pour adultes qui les utilisent et que cette généralisation et l’implantation dans notre imaginaire me pose question.

Les créateurs de contenu porno sont-ils responsables de ce « monopole radical »?

Là je me marre, parce que je vous balance, ni vu, ni connu, le terme de « monopole radical », qui est une notion développée par Ivan Illitch (2), un philosophe anti Industrialisation que j’aime énormément. Je trouve ça très rigolo de citer ce prêtre penseur avant-gardiste dans un article sur la pornographie.

Donc mes confrères, consœurs et moi-même sommes-nous responsables de cette prédominance des scénarios de viols, d’abus, de contraintes et de marchandisation des individus ?

Si on suit les règles d’un marché marchand et capitaliste qui est censé s’auto-réguler de lui-même comme le croient les libertariens (Elon Musk, Javier Milei, Trump & co), la réponse est bien sûr NON LES CRÉATEURS DE CONTENU NE SONT PAS RESPONSABLES.

Dans la logique du marché, le créateur, l’entrepreneur, propose un service ; ici un film porno, un roman X, ou autres ; et le client, le marché, l’achète ou pas. C’est le consommateur, l’acheteur, l’utilisateur qui fait un choix, censé être libre et éclairé, et qui par son choix de consommation va valider ce que propose l’entrepreneur, le créateur. C’est donc le client (la demande) qui est responsable, pas l’offre (l’entrepreneur).

Je ne peux pas leur donner entièrement tort. Après la sociologie, l’histoire, l’anthropologie, la psychologie me donnent le droit de mettre des sérieux bémols sur la notion de choix « libre et éclairé ».

Maintenant si on a une vision un rien humaniste, oui je sais c’est grossier comme mot, si on est dans l’idée d ‘avancer vers une société plus équitable et qui ne soit pas uniquement marchande ou basée sur le dialogue mélien (vous chercherez) et la loi du plus fort, alors je crois que : OUI, LES CRÉATEURS DE CONTENU ONT UNE PART DE RESPONSABILITÉ dans cet état des choses.

Alors qui de la poule ou de l’oeuf ? Est-ce la pornographie qui influence la société ou la société qui crée les scénarios pornos ? Pour moi, je crois que c’est les deux en même temps et dans les deux sens.

Comme disait l’inspecteur général des services dans l’excellent film (pas porno) Le cercle rouge, de J.P. Melville, avec Bourvil, Delon & Montand :

Tous coupables ! Vous m’entendez inspecteur Mattei ! Tous coupables, même vous, même moi !

Ou responsables mais pas coupables, rajouterait notre, cocorico, cher Laurent Fabius.

Juste une précision subsidiaire : le sexe, mâle ou femelle, n’a rien à voir avec l’abus de pouvoir, la seule raison pour laquelle les femelles sont sous-représentées en tant qu’oppresseur n’est pas d’ordre biologique mais pour des raisons sociétales, elles n’ont pas le pouvoir ! Mais rassurez-vous, la connerie, comme le trou du cul, c’est unisexe et quand une femme a le pouvoir, elle aussi a une propension à en abuser pour arriver à ses fins.

(2) voir la fiche de Ivan Illitch sur wikipédia (oubliez pas de faire un don) mais surtout lisez ses livres, notamment « la convivialité » et « le travail fantôme »

Comment je sors du scénario porno standard ?

Comme je suis un peu folle et que j’espère encore qu’une société anarchiste libertaire (et pas libertarienne) voit le jour avec l’assentiment de tous et de tout, je prends ma part de responsabilité. Je suis allée voir ma « filmographie ». Ben c’est pas joli, joli. Je vous fais le décompte…

Scénario porno autour du viol ou de la contrainte.

C’est l’immense majorité ! Que ce soit moi qui contraigne ou qui sois contrainte. J’avoue c’est 50% des scénarios. Et si je rajoute les innombrables JOI on doit sûrement être à 60% des scénarios. C’est la banquière qui force son client, l’étudiante ou l’employée qui est forcée par un supérieur – prof et encore plus quand c’est un scénario « lutte des classes » comme je les appelle, style mme la baronne et ses ouvriers ou la nettoyeuse de scène porno.

Scénario porno autour de la marchandisation du corps

Sans surprise c’est quasiment l’autre moitié des scénarios porno que je fais. A tel point que j’en ai même fait une série « PETASSE EXPRESS » ou on est au summum de la marchandisation et de l’instrumentalisation des corps puisque en gros le concept de ce shop c’est de vous livrer la « pétasse » de votre choix en moins de 30 minutes.

Bon pour rétablir une pseudo équité j’ai ouvert un second shop « KAKOU EXPRESS » ou là c’est la nana (ou le mec) qui commande des « Kakous » sur mesure pour, ici aussi, assouvir ses pulsions les plus libidineuses. Ouais je sais c’est pas terrible au niveau éthique mais j’avoue que c’est un scénario facile et qui permet de plonger directement dans le sujet.

Pour la pseudo caution culturelle, l’idée de Kakou ou de Pétasse eXpress renvoi aux homéoputes de la bande dessinée L’INCAL (que je vous recommande)

pétasse-express-video-porno-francaise

scénario extra terrestre, ni viol, ni marchandisation

Heureusement il y a quelques extra terrestres, quelques scénario où on ne force pas, où il n’y a pas de marchandage. Tous le monde est consentant, tous le monde à envie. Ces vidéos extra terrestre sont hélas rare et en plus ce sont celles qui se vendent le moins bien.

On va avoir « la touriste en Espagne » ou la touriste (moi) comme les deux ouvriers (Kevin White et Elian) sont supers consentants, il y a aussi « les aventures de la Fée Lation » un conte onirique et pornographique bien pop ainsi que les quelques films que j’ai pu faire avec Terry Kemaco pour MMM100 et ou « étrangement » la culture du viol n’est quasiment pas présente.

Donc c’est possible, en plus, anecdote perso, ce sont les vidéos où j’ai le plus pris mon pied. Au passage, n’allez pas croire que c’est mou du genou, je sais pas faire ça, ou que c’est soft, ça non plus je sais pas faire. C’est du bien hard, du bestial, du sauvage mais il n’y a aucune contrainte dans le scénario, aucune marchandisation, juste des partages, des rencontres et un peu de fantaisie.

Conclusion, au final ça va être à moi, créatrice de mon contenu porno, de forcer un peu mon imaginaire à explorer d’autres pistes de scénarios porno qui ne sortent des classiques culture du viol – contraintes ou marchandisation du corps. Loin d’être un détail c’est par le scénario qu’on peut influencer, un tout petit peu, le monde et l’imaginaire des gens qui nous regardent. C’est à travers le scénario, comme pour la généralisation du préservatif dans les films porno, une occasion de changer l’ensemble du monde.

Pour reprendre le slogan de FRAMASOFT :

« changeons le monde un orgasme (ou un octet) après l’autre ».

Pour aller + loin

Sur le blog Mediapart

Sur Philomag

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