Vendre, exposer son intimité ou exhiber sa nudité. Why not ?

  • Dernière modification de la publication :11 mars 2024
  • Post category:Culture érotique
  • Temps de lecture :32 min de lecture

Aujourd’hui j’ai envie de faire un peu de philo, ça fait longtemps,  donc on attaque directement : vendre ou exposer son intimité est ce un souci ? Une dégradation de la morale ? L’intimité n’est-elle que la nudité ? En quoi vendre son image, nue ou habillée, est-elle problématique ? Ne répondez pas trop vite, vous risqueriez d’exposer vos préjugés à défaut d’exposer vos idées. D’ailleurs les idées, les émotions ne sont elles pas plus intimes qu’un bout de fesse, de sexe ou un morning coffee ?

Pour développer autre chose que des a priori, des pensées stéréotypées ou recracher simplement un conditionnement culturel, social ou religieux, il est important de prendre son temps et de définir les termes d’une réflexion.

Première phase, la définition de l’intime. Cette définition doit-elle être universelle ou n’est elle pas personnelle, intime justement ? Mon intime, ce qui est intérieur et secret, est-il le même que le vôtre ? Mes émotions, pensées, ressenties, espoirs ou désespérances sont-ils plus ou moins sacrés, importants, secrets que ma fesse droite ou mon clitoris ?

Est-ce que le fait d’exposer son corps, une relation sexuelle, ou son quotidien sur le net ou ailleurs est impudique ? D’ailleurs montrer sa nudité veut-il dire exposer son intimité ?

En quoi le fait d’exposer son intimité ou son corps est-il un problème ? Pourquoi la pudeur est elle perçue comme une vertu et l’impudeur une perversion ?

Le fait d’exposer son intimité ou une relative nudité sur les réseaux, en vidéo ou même lors d’un spectacle est-il une « perversion » morale ou simplement une redéfinition de la valeur « pudeur » ? Une sorte d’aboutissement du système marchand avec l’ultime stade de la « forme entreprise », comme disait Michel Foucault ?

Mais surtout l’intime, « ce qui est intime et profond ; ce qui est intérieur et secret », doit-il rester caché ? Si oui, dans quel but ? Et pour quelles raisons autres que le fait de respecter une loi morale qui évolue en fonction des époques et des cultures ?

Exposer son intimité, mais quelle intimité ?

Le dictionnaire « LE ROBERT » définit l’intimité comme étant « ce qui est intime et profond ; ce qui est intérieur et secret ». J’aborderai le côté secret un peu plus bas parce qu’avant il me semble important de se mettre d’accord sur les mots profonds et intérieurs.

VOIR AUSSI Définition du Robert https://dictionnaire.lerobert.com/definition/intimite

Quand je montre une vidéo ou une photo de mon cul, à vrai dire je ne montre rien qui soit profond ou intérieur que je sache. Vu mon bombu c’est plutôt quelque chose d’extérieur que d’intérieur et plus en relief qu’en profondeur ! Même mes tout petits seins, vive la team bonnet AAA, sont pas intérieur et pas profond !

Pour exposer quelque chose de moi anatomiquement intime il faudrait que je montre une prise de vue vaginale ou utérine, une coloscopie, une radio ou une échographie de mes futurs quintuplés. Je ne suis pas sûr que ça fasse un max d’audience et niveau embryon, quintuple ou pas, vous risquez d’attendre un moment.

Bon ok je joue un peu à la conne mais le raisonnement par l’absurde n’est pas sans valeur pour montrer une autre absurdité celle de décréter intime, profond et intérieur des bouts de peau !

Pour être un peu plus sérieuse revenons sur la notion d’intimité que nous avons apprise. Si l’intimité se concentre ou se limite, comme on veut nous le faire croire, sur la chair, le corps et bien sur les parties génitales. Posons nous cette question : Est ce le cas partout ? Je ne crois pas mais je vous laisse chercher dans des livres d’ethnologie ou d’histoire, vous allez voir nos croyances et la sanctuarisation de ces 10cm² n’est pas aussi évidente et universelle que ça.

C’est quoi pour vous exposer son intimité ?

Petit sondage « au doigt mouillé », quand je demande autour de moi « c’est quoi pour vous exposer son intimité ? » on me répond en général « se foutre à poil sur Instagram ».

Bon alors déjà si tu te mets à poil sur insta, Facebook et la majorité des réseaux (a) sociaux tu es direct bloqués ou, au mieux, si tu as pris une photo ambiguë, juste shadowban. Donc ce que les gens appellent se foutre à poil, c’est se montrer en « petite tenue » en culotte, string, nuisette ou autre tenue couvrant suffisamment pour l’algorithme et les zélés délateurs, mais suffisamment peu pour rester suggestif.

Donc, en somme, pour pas mal de gens, être impudique, c’est montrer une personne en tenue « légère » sur un espace public interdit aux moins de 15 ans*.

Pourtant, ces « braves gens » peuvent voir la même chose dans n’importe quelle piscine de France et de Navarre, sur les plages d’occidents** ou sur n’importe quel site d’Etam, H&M et autres pourvoyeurs de dessous fabriqués par des enfants à l’autre bout du monde dans des conditions que même le chien du plus abruti des « maîtres » ne voudrait pas avoir.

VOIR AUSSI :

* Pour protéger les enfants des réseaux sociaux, la loi du 7 juillet 2023 instaure une majorité numérique à 15 ans pour s’inscrire sur les réseaux sociaux. https://www.vie-publique.fr/loi/288274-majorite-numerique-15-ans-reseaux-sociaux-loi-7-juillet-2023 Au passage la majorité sexuelle en France est elle aussi établie à 15 ans.

* Vous noterez, quand même, que le bikini et le top less sont de plus en plus sujet à polémique sur les plages et que niveau mode je vois, avec tristesse, revenir des maillots de bain « combi-short » que ma très pieuse grand-mère aurait porté sans rougir. https://www.equinoxmagazine.fr/2022/09/02/seins-nus-derangent-espagne-france/ et aussi https://www.bfmtv.com/societe/pourquoi-le-topless-a-disparu-des-plages_AN-202007230147.html (oui je cite BFMtv)

L’intime s’arrete-t-il à la peau ?

Vous me rétorquerez qu’en tant qu’actrice X, modèle photo érotique ou camgirl j’expose des parties intimes de moi-même. Pour vous peut être, mais curieusement quand tu fais un shooting photo, une scène porno ou autre le fait de te retrouver à poil n’est pas plus intime que quand tu prends ta douche dans les vestiaires après un match de rugby, de foot ou un cours de danse.

Comme je vous en ai déjà parlé « l’intime » pour un acteur ou une actrice X, c’est dire, et même se dire, s’avouer, qu’il a pris son pied ou qu’il aime vraiment son job pour autre chose que l’argent pas si facile.

Comme le dit très bien Céline Tran – Katsuni dans son excellent « Ne dis pas que tu aimes ça », la plupart des gens croient que le plus dur est de baiser face à une caméra. Ce n’est pas simple, mais comme jouer tradi devant une caméra ou un public n’est pas simple ou comme chanter en public à une soirée karaoké n’est pas simple.

La vraie difficulté, le vrai tabou vient après. Le vrai souci, c’est dire et se dire la vérité. C’est reconnaître devant ses pairs et devant ses proches, au micro d’un journaliste ou dans le creux de l’oreiller qu’on a pris un pied du tonnerre et qu’on aurait bien aimé que ça dure plutôt que changer de position pour un film dont, à ce moment-là, on n’a plus rien à foutre.

Cette peur, cette difficulté quasi douloureuse à s’avouer ses propres sensations est pour moi infiniment plus intime, largement plus profonde,  intérieure et secrète que d’exposer mon téton, montrer mon clitoris ou sucer une bite.

Le corps n’est finalement qu’un objet technique, une interface pour faire, ressentir, vivre. Mais ce qui ressent, ce qui est touché ce n’est pas mon corps, ce n’est pas l’interface, c’est mon cerveau, mon orgueil, mon auto-contemplation, mes croyances et, peut être des fois, mon âme.

Votre bouche mange un éclair au café, votre estomac le digère, captent les goûts, les sensations mais c’est votre tête, vos souvenirs, votre éducation qui traduit les sensations du corps en plaisir ou en aversion et finalement en vie.

Alors, qu’est-ce qui est intime ? Le corps ou ce qui « anime » le corps ?

Sur cette base les peuples ou la nudité n’est pas un tabou ont ils moins d’intimité, de profondeur, d’intériorité et de secret que nous ? Et si c’est le cas est-ce un mal ?

exposer-son-intimite-vendre-sa-nudite

Et si l’impudeur était crée par le spectateur plus que par l’acteur ?

Vous avez remarqué à quel point le monde devient à la fois sexuel et pudibond ? Tout est sexualisé, tout est ramené au sexe. Je lèche mon doigt : censuré sur insta, c’est une provocation à l’acte sexuel. Une femme qui allaite : indécent, on voit son sein ! L’origine du monde, une peinture, de Courbet : misère un sexe de femme, poilu en plus, grand ouvert ! Facebook censure et ne le publie qu’après un procès ! Un chien qui se frotte à toi ! Le cuistre ! Les feulements des chats pendant les chaleurs : mais c’est insuuuuportable ! Un cheval en train d’uriner, il ne faut pas regarder !

Sans déconner vous croyez vraiment que la femme qui allaite, le cheval, le chien, les chats, ou moi quand je me régale d’un bon jus de viande (ou de légume) sur un plat on le fait pour vous exciter ? Vous croyez vraiment que le chien, le cheval se sont mis en scène ou ont une quelconque volonté de vous choquer ?

Comme vous n’êtes pas super au clair entre votre morale et vos pulsions, on aboutit à des délires absolus comme pour les tenues vestimentaires

A l’école ou dans la rue, par exemple, des pieuses personnes veulent qu’on s’habille ni trop court, ni trop long et surtout pas telle ou telle couleur parce que c’est soit sexuel (crop top) soit religieux. Idem, dans les délires costumiers et la volonté de cacher le corps, est il utile de mettre un maillot complet à un enfant de 3 ans, voir un bébé ? Le protéger du soleil ? Laissez le à l’ombre, alors !

Et à côté de tout ça, par contre, on vous conseille de mettre un tailleur super moulant avec des escarpins pour aller négocier un contrat ou une visite en entreprise, c’est même recommandé par Pole emploi… pour un CAP pâtisserie !

A LIRE AUSSI sur psychologies « Être nu est ce vraiment naturel » et sur madmoizelle sur comment le désir de la poitrine des femmes a été fabriqué

Et si c’était l’observateur qui créait, lui aussi, la sexualisation du sujet ?

Y avez-vous déjà pensé ? Peut-être est ce l’observateur qui crée le fantasme ! Peut-être que le fait de refuser la sexualité et le corps simple et libre déforme le regard qu’on porte sur le monde et les vivants.

L’interprétation d’un fait n’est pas le fait. Or, une multitude de choses sont à l’origine d’une interprétation. Un cadre, un contexte, le sujet, bien sûr, mais aussi l’état de l’observateur.

Un.e adolescent.e ne va pas interpréter le réel, les fait, de la même manière qu’un.e nonagénaire ayant subi la gégène sur ses parties génitales en Afrique du nord il y a 60 ans ! Idem le regard qu’on va poser sur un corps dans un club libertin, une discothèque ne sera pas le même que sur une plage naturiste ou un hôpital.

Comme quoi un cul qui dépasse d’une robe dans un club olé olé ne va pas du tout dégager la même chose que ce même cul dépassant d’une blouse en service traumatologie ! Pourtant, pour certain.e.s ce cul est impudique juste parce que c’est un cul !

D’ailleurs savez-vous vraiment ce que veut émettre ou ce que ressent ce cul, cette personne ? Le savez vous ou en faites vous juste une interprétation qui vous arrange ou pire qui vous arrange de vous déranger ?

Par exemple, quand vous regardez un film traditionnel, vous ne savez pas ce qu’a réellement ressenti l’acteur ou l’actrice. La seule chose que vous percevez, c’est votre propre regard sur la scène. Regard orienté avec plus ou moins de talent par le réalisateur du film.

Si les acteurs vous renvoient à quelque chose que vous pouvez accepter, que votre morale interne accepte, là pas de souci. Si c’est légèrement perturbant le critique de Télérama en vous criera au génie et si c’est trop dérangeant, vous beuglerez au scandale. Mais vous ne savez toujours pas ce que les comédiens ont ressenti.

mmet-your-model
manyvids-charlie-fan-club

logo-xvideos-charlie-porno
fan-club-charlie-camgirl

Le porno des un et l’érotisme des autres ou le normal des derniers

Concernant le porno ou l’érotisme, y compris sur Instagram, c’est exactement la même chose mis à part que pour le thème du nu, du sexe et de l’érotisme le seuil de tolérance est infiniment plus bas vu que la charge morale, comme l’a montré Wilhelm Reich est infiniment plus élevée.

Donc votre regard intérieur ne saurait voir ce sein car « la morale » que vous avez admis a créé un tel niveau d’avidité et de frustration que la simple évocation d’un acte sexuel fait rougir les plus audacieux et pousse la gente à couilles à sortir ses blagues les plus grivoises rajeunissant le male lamda au niveau pré pubère.

Vous en doutez ? Essayez de lancer le sujet du cunnilingus ou de comment faire une bonne fellation avec un groupe d’hommes ou de femmes lambda et vous verrez la moitié partir, l’autre moitié se gratter l’entrejambe en riant grassement à la blague de Q du plus con d’entre eux. De manière homéopathique vous aurez, veinard.e, une suite intéressante et constructive.

En gros, quand vous êtes spectateur, vous n’avez jamais accès à l’intime des acteurs, mais uniquement à votre propre intimité. C’est exactement la même chose quand vous êtes spectateur d’un flux sur un réseau ou d’une scène dans votre vie de tous les jours.

Nous ne sommes jamais que des spectateurs de faits que nous interprétons dans notre cinéma intérieur. Nous sommes les spectateurs de nos peurs, désirs, fantasmes et apparemment pour une majorité d’entre vous cette auto-projection n’est pas très bien vécue puisque c’est ce qui est reproché au Mym girl, aux actrices X et à tous les acteurs du divertissement pour adultes.

Peut-être qu’il serait temps de regarder votre propre intimité au lieu de la plaquer sur les autres.

Si nous faisons l’effort de ne plus nous projeter, de nous recentrer, peut-être que nous arriverons à un peu de détachement et à ne plus sacraliser 1 % de notre corps tout en exploitant les 99 % restants. Car après tout, le corps est une valeur d’échange depuis les débuts de l’humanité, alors pourquoi ne pas l’accepter pour la nudité ?

A LIRE AUSSI un podcast sur comment fonctionne le cerveau, les biais cognitifs et la création de nos réalité

charlieliveshow-camgirl-actrice-x

Exposer son intimité un outil commercial comme les autres ?

On peut le regretter, mais c’est un fait depuis l’apparition des premières sociétés humaines, on monnaie notre corps. Que ce soit notre force musculaire, notre cerveau, nos capacités olfactives, notre technicité ou notre capacité à soutenir des actes violents, ça passe toujours par notre corps !

Il en est de même, et depuis longtemps, de notre image. Un.e courtisan.e, un vendeur et plus récemment un modèle photo vendent avant tout leur image en plus d’un savoir-faire. Vous pouvez avoir la plus grande dextérité du monde en pliage de pantalons ou en fabrication de mojitos si votre image n’est pas conforme aux standards, vous aurez très peu de chance d’avoir un emploi. C’est valable pour les hommes, mais encore plus pour les femmes.

Donc vous vendez avant tout une image, une apparence sur lequel les préjugés de l’autre, de l’observateur va faire son choix. Le CV, hélas, arrive en second.

A LIRE AUSSI l’impact de l’apparence, de la beauté sur les recrutement via cairn info

A côté de ça on observe depuis une trentaine d’années une incitation de la part de la force publique et privée, à la création de ce, qu’en France, on va appeler les « autoentrepreneurs ». Des microsociétés avec un seul employé – dirigeant. Pour diverses raisons cette structure renforce le côté « flexible » du travail ce qui est du pain béni pour le capitalisme et le néo-capitalisme.

Dans cette double logique, survalorisation de l’image et de la représentation + individualisme et auto entreprenariat, qu’y a-t-il de curieux à ce que le quotidien, l’image de soi, plus ou moins mise en scène, devienne un objet marchand échangeable contre des bénéfices matériels (argent), sociaux (prestige), émotionnels (mariage) ou autres (la dopamine par exemple) comme les autres ?

La vente de l’intime et de la sexualité féminine sont des pratiques très anciennes

Sans même parler de la prostitution, le mariage lui-même, n’a rien d’un lien amoureux et romantique comme on le croit de nos jours. C’est à la base un arrangement commercial, comme le montre le versement d’une dot et de le douaire. Il en reste une trace manifeste via le « contrat » de mariage.

Mis à part dans quelques rares cas (Asie) et dans quelques rares périodes de l’histoire (An mil en Provence) le mariage est toujours l’acquisition par un homme d’une ou plusieurs femmes et le versement de la dot, un paiement fait par le marié vers la future épouse ou sa famille

La femme est donc depuis très longtemps considérée comme une valeur marchande. Aujourd’hui, vous lui reprochez seulement de le faire à son avantage unique et hors des « liens sacrés du mariage ».

LIRE AUSSI * Le LIKE et la dopamine comment fonctionne les réseaux sociauxtous accros à la dopamine

L’entrepreneur de soi : une aliénation ou la normalisation de l’individualisme ?

Je vous avais dit qu’on allait faire un peu de philo aujourd’hui et bien nous voilà au coeur du sujet. Pour résumer ce que Michel Foucault nomme « forme entreprise », est la généralisation d’un mode de fonctionnement concurrentiel à l’ensemble des sphères de la vie sociale.

L’individu n’est plus seulement un citoyen ou une personne qui a une activité salariale, entrepreneuriale ou est sans emploi, mais il devient de plus en plus souvent dans ses rapports à l’autre un entrepreneur.

L’« entrepreneur de lui-même », c’est-à-dire qu’il devient son propre capital, il devient « pour lui-même son propre producteur,… la source de [ses] revenus » (Foucault, 2004, p. 221). De fait, l’individu- entrepreneur pour obtenir des parts de marché, doit investir et promouvoir son capital (lui-même).

Les réseaux sociaux, les médias deviennent donc un espace de publicité pour son produit, soi-même. Ici aussi, comme pour le mariage ce n’est pas nouveau. Pensez aux fameuses 5 minutes de gloire d’Andy Warhol ou à la « télépoubelle » depuis L’école des fans et Avis de recherche des années 80 jusqu’au LOFT, star ac., Koh-lanta (2001) et leur successeur sur la TNT, le satellite ou le net.

Des inconnus, des individus lambda viennent se montrer, se présenter, exposer leur « JE » dans l’espoir d’en retirer un bénéfice matériel, émotionnel, social, comme n’importe quel entrepreneur le ferait pour vendre ses charentaises, son EPR ou sa superbe saucisse AOC Montbelliard.

Aujourd’hui, là ou c’est flagrant, c’est la prolifération des « influenceurs » de tout poil et de toute plateforme, mais surtout par le développement des plateformes de pair à pair comme Vinted, Ebay, Tinder/Grinder, Le Bon Coin et même Doctissimo

Que ce soit pour des objets sur Vinted ou le Bon Coin, du relationnel via Grinder – Tinder, du service via Über et même le soin via les notations sur Doctissimo tout se vend, tout est apparence, image !

On vend une pendule, on vend une présence, on vend du temps de vie, de l’apparence qualité de soin, de la courtoisie, de la compétence et tout ça passe par… exposer une image, exposer la devanture de son échoppe et bien sûr le suivi, la relance du client ou du prospect. Alors si tout se vend, si tout est devenu apparence pourquoi la sexualité, en serait-elle exclut ?

soutenir-le-site-charlie-liveshow

Soutiens le site et les lectures érotiques ! Rejoins mes PATREONS, ça commence dés 1€ !

Tu auras accès à des extraits de lecture totalement exclusifs, mais aussi des lectures long format en accès anticipé, des vidéos érotiques et même des goodies livrés par la poste pour les plus fidèles d’entre vous !

L’inimité doit rester cacher ! Ben pourquoi ?

Pourquoi l’intimité, et plus spécifiquement la nudité et la sexualité, devrait être à part ? D’ailleurs si vous croyez que votre intimité est à préserver comme la prunelle de vos yeux comment faites-vous pour poster quoi que ce soit sur Facebook, tik tok & co ?

Pire que ça les GAFAM, Facebook en tête sont d’une des passoires à vie privée (fuites multiples dont la célèbre Cambridge Analytica), et de deux passe leur temps à revendre vos données personnelles à des sociétés privées imposant la création du RGPD en Europe.

Hélas, si vous vous croyez que votre intimité est à l’abri parce que vous n’utilisez pas Facebook & co c’est mignon et aussi « un p’tit peu breton ». Le simple fait d’avoir un smartphone, une montre, une enceinte ou autre qui soient connectée est une fuite de vos data personnelles ! Vous utilisez Amazon, Zoom ou tout service hébergé aux USA, fuites, analyse et revente de vos données privées.

Vous n’avez pas d’ordi, pas de smartphone… C’est pareil ! Si vous êtes à la sécu, que vous avez eu à traiter avec une mairie, un employeur ou autre ayant un cloud il y a fort à parier que ce soit sur Amazon web services ou Microsoft Azure. Même si les serveurs sont en Europe, la maison mère, et donc ses infrastructures sont soumis au Patriot Act et au Cloud Act de Trump et donc potentiellement analysés, surveillés et revendus par la NSA et consort.

Vous n’avez rien de tout ça, mais vous marchez dans les rues de Marseille, Londres, Paris, Lyon, Montpellier, Pézenas ou Roquefort la Bédoule ? Souriez vous êtes filmé, analysé, stocké et donc potentiellement revendu par un data broker.

Alors oui vous pouvez flipper, oui vous pouvez ne pas le vouloir mais les choses sont pour l’instant comme ça : votre image, votre intimité, vos data valent de l’or et rapportent déjà de l’or… mais pas à vous !

LIRE AUSSI l’avis de la CNIL sur l’hébergement des donnés de santé et lire aussi, bien sur, le dossier DONNEES PERSONNELLE sur la quadrature du net

La nudité, la sexualité doit-elle rester cacher sous la couette ?

Oui pourquoi pas si ça vous chante, mais ne serait-il pas plus intéressant d’expliquer et d’expliciter que la nudité n’est pas quelque chose de mauvais et que de s’exposer nu n’est choquant que par une convention morale et éventuellement un climat qui s’y prête peu ?

Est-ce qu’en 2024, on est toujours obligé de confondre relation sexuelle et relation amoureuse ? Des fois, j’ai l’impression que nous nous obstinons à rester plongés dans la longue traîne du XIXe siècle, et sa morale victorienne aussi ambiguë et nauséabonde que les rues de Londres.

On vend nos datas, on vend nos données de santé, on vend notre temps, notre image, notre force de travail, notre cerveau, mais les 10cm² servant de plus en plus rarement à la prolongation de la race NEIN ! Ca c’est mal ! Ca y faut pas ! Pourquoi ? PASSEKEU !

Les ligues de vertu du XIXe sont devenues des pseudo féministes paternalistes qui vont t’expliquer par A et Z que tu subis le dictat patriarcal et que donc tu peux pas faire ce que tu as envie de ton corps, de ton temps, de ton image.

Et les mecs ne faites pas les malins, car vous n’y échappez pas non plus avec vos ligues pseudo virilistes, vos discussions entre tocards et vos « grands frères » plus ou moins barbus. Tous ces gens qui vont t’expliquer que ton corps et ton âme ne doivent pas être souillés par telle catin, telle pratique plus ou moins sodomisatrice ou qui te font pouffer en cohorte devant une jupe trop courte à ton goût, un comportement trop efféminé ou trop masculinisé si c’est une meuf.

Les femmes ne doivent pas trop crier quand elles prennent leurs pieds, les mecs doivent faire du houlahop avec leur bassin quand on veut leur mettre un doigt et tout ce petit monde bave sur Instagram et vomit sur Twitter. Sans parler de la moralisation globale et marchande. Master Card qui refuse les paiements en relation avec la sexualité, les banques qui refusent d’ouvrir des comptes à des love shop, Maupassant qui est censuré sur Youtube. Tu peux vendre tout, y compris un rein, mais par contre l’intimité, l’érotisme, le sexe ludique lui « should not pass » !

Au milieu de tout ça, toutes les semaines, je reçois des mails me remerciant d’être qui je suis. Des mails de mamies, si si, me remerciant pour mon tuto sur la sodomie, car à 70 ans, elles ont enfin découvert l’orgasme. Des messages de couples me demandant de refaire des tests sextoys parce qu’ils apprennent des trucs et me félicitent pour les lectures érotiques qui leur ouvrent des perspectives qu’ils n’osaient même pas imaginer.

Alors, et si on essayait autre chose ? Déjà d’accepter que notre sexualité n’est reproductive et ne répond au commandement d’un dieu auto engendré par notre narcissisme qu’une fois ou deux dans toute notre sexualité ! Le reste du temps vous baisez, vous vous foutez à poil devant un autre seulement par plaisir, convention sociale ou prestation sociale, que celle ci soit pour une rétribution monétaire ou conventionnelle.

L’humanité est actuellement de 8 milliards d’êtres plus ou moins conscients, vous croyez sincèrement que votre dieu souhaite encore qu’on « croisse et se multiplie pour soumettre la terre et les cieux » ? Si c’est le cas, vous devriez quand même vous posez deux ou trois questions sur sa santé mentale.

Idem à l’heure où les mega firmes font breveter des semences et des technologies qui pourraient sauver l’humanité et la planète, vous venez nous emmerder parce que nous on veut monnayer ou simplement montrer 10cm² de notre corps ?! Mais sans dec mes amis couillus et mes sœurs ovariennes vous n’êtes pas un peu complètement abrutis ? Vous n’avez rien de mieux à foutre ?

Comme disait Joseph Déjacque « Qu’est-ce que l’homme ? RIEN ! Qu’est-ce que la femme ? RIEN ! Qu’est-ce que l’humain ? TOUT ! » Il serait peut—être temps d’arrêter de sacraliser ce qui ne l’a jamais été et d’exposer tous nos petits secrets, nos gentils et odieux ressentis, nos fantasmes qui ne sont que des fantômes qui nous rongent tant qu’ils restent à pourrir dans le château de notre morale.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

exhiber-son-intimite-vendre-sa-nudite