• Dernière modification de la publication :2 janvier 2019
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Printemps de la Poésie, Poésie des mots et des maux aussi parfois. Les poètes ne produisent rien, ils ne sont que le vent qui souffle dans leur tête. Les poètes, les artistes sont nos chamans des temps modernes, inspirés par le souffle ils nous dépeignent des ailleurs ou des ici que nos yeux brûlés par les habitudes et le conformisme ne veulent plus voir.

Ne chantez pas la mort, mise en image

La Mort est l’éclair qui luit en chacun de nous, le moteur primordial, la pulsion qui nous fait nous relever et avancer, continuer alors que tout nous hurle d’arrêter. Chanter la Mort comme une jeune fille rousse, comme une compagne bienveillante n’est pas de bon ton. Et pourtant …

Le printemps des poètes et un texte, Ne chantez pas la mort. Léo Ferré n’était pas poète, il se disait chanteur de variétés, un peu comme Florent Pagny ou Obispo … les temps changent et avec le temps va tout s’en va, y compris la poésie.

Quelques photos pour illustrer un des plus beaux textes que j’ai pu lire et entendre depuis les 40 dernières années. Un clin d’oeil aussi à Emmanuel Créateur qui aime « les paroles systématiquement réconfortantes » que je sais lui distiller. Et, Charlie se joint à moi, une énorme accolade à AB Fab pour cette séance photo tout en douceur qu’elle a su mettre en oeuvre.

Ne chantez pas la Mort, c’est un sujet morbide…

 Le mot seul jette un froid, aussitôt qu’il est dit…

Les gens du show-business vous prédiront le bide
C´est un sujet tabou pour poète maudit
La Mort, La Mort

Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
Il semble que la Mort est la sœur de l´amour

La Mort qui nous attend et l´amour qu´on appelle
Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours
La Mort, La Mort

La mienne n´aura pas, comme dans le Larousse
Un squelette, un linceul; dans la main, une faux

Mais fille de vingt ans à chevelure rousse
En voile de mariée, elle aura ce qu´il faut

La Mort, La Mort

De grands yeux d´océan, une voix d´ingénue
Un sourire d´enfant sur des lèvres carmin
Douce, elle apaisera sur sa poitrine nue
Mes paupières brûlées, ma gueule en parchemin
La Mort, La Mort

Requiem de Mozart et non Danse Macabre
Pauvre valse musette au musée de Saint-Saëns

La Mort c´est la beauté, c´est l´éclair vif du sabre
C´est le doux penthotal, de l´esprit et des sens
La Mort, La Mort

Et n´allez pas confondre et l´effet et la cause
La Mort est délivrance, elle sait que le Temps
Quotidiennement nous vole quelque chose
La poignée de cheveux et l´ivoire des dents

La Mort, La Mort

Elle est euthanasie, la suprême infirmière.
Elle survient à temps, pour arrêter ce jeu …

Près du soldat blessé dans la boue des rizières
Chez le vieillard glacé dans la chambre sans feu
La Mort, La Mort

Le Temps c´est le tic-tac monstrueux de la montre
La Mort, c´est l´infini dans son éternité
Mais qu´advient-il de ceux qui vont à sa rencontre ?
Comme on gagne sa vie, nous faut-il mériter
La Mort, La Mort

La Mort ?

Leo Ferré – Ne chantez pas la Mort (1972)

Parler de La Mort une idée étrange ?

Il peut sembler étrange d’incarner, ne fut-ce qu’un moment, la Mort sous les traits de la Femme aimée. Mais la vieille faucheuse des images n’est plus mon ennemie depuis longtemps. Elle n’est pas non plus ma meilleure copine. Confidente au coeur léger, elle sait par contre entendre mes appels. Implacable elle vient se pencher au creux de mon épaule pour, chaque fois, me poser la même question. Es-tu sérieux ? Est-ce bien ton choix ? Puis se reculant avec un petit rire froid, elle me fait comprendre que ce n’est pas le moment, qu’elle ne m’a pas encore choisi.

Alors quel plus beau hommage que représenter celle qui a notre choix au creux de ses reins sous les traits de celle ou celui qu’on aime. Vous me trouvez morbide ? C’est la fuite en avant et le refus du minimum de lucidité que je trouve morbide. Et comme dans les noces barbares ou comme le chantait Brel avec la fougue et l’allégresse des grands amoureux désespérés,  » Je veux qu’on rit, j »veux qu’on danse et j’veux qu’on s’amuse comme des fous … quand c’est comme mettras dans l’trou ! »

Même si à ce moment là j’voudrais ben mais je pourrais point … Comme dirait l’Amie Cordie

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